Cet article est le numéro 7 sur 8 du dossier Binic and the Beast 2017

Après un été 2015 riche en événements – la sortie de leur premier LP ‘’エスコバル‘’ et un premier passage remarqué dans la foulée au Binic Folks Blues Festival -, le duo Escobar originaire de Limoges revient encore plus haut et plus fort cette année à Binic.
Le cartel – Rémi Lucas au chant, armé de sa guitare et Charly Kayo à la batterie – a investi Pommelec samedi et La Banche dimanche pour un set explosif de 45 minutes (et pas une de plus) faisant la part belle aux morceaux du deuxième LP ‘’Bird Of Prey’’, paru fin septembre 2016.
Nous rencontrons Rémi et Charly quinze minutes à peine après leur sortie de scène dimanche où ils ont défouraillé un set punk rock tendance grunge ravageur.
A l’image de l’interview menée tambour battant, avec des réponses directes et concises, où l’humour n’est jamais très loin.

L’interview démarre après un rappel du principe : Rémi et Charly ont devant eux des papiers pliés en quatre et posés sur une table, sur lesquels un simple mot est écrit, qu’ils choisiront (ou pas) de nous commenter…

Rencontre
Rémi : ‘’Je jouais dans Weird Omen et Anomalys, Charly dans The Bushmen et Daria. Nous avons commencé à jouer tous les deux dans un groupe il y a 5 ou 6 ans et nous sommes croisés par la suite en concert sur Limoges, chacun jouant dans des groupes différents. On a décidé de monter un duo sans vraiment y réfléchir. On le voulait tous les deux pour la même raison, pour des facilités de son. On s’est rendus compte que c’était assez fun !’’

Limoges
Rémi : ‘’Excuse-moi mais ça, je vais le montrer à Charly, je ne vais pas répondre, ça ne me branche pas !’’ (Rire général). ‘’Donc suivant !’’

Binic
Charly : ‘’C’est énorme ! On nous a offert l’opportunité d’y être à nouveau, c’est une chance pour nous, c’est incroyable ! Je trouve ce festival merveilleux. On est super contents. Et puis, d’un point de vue touristique, ça fait vivre la région’’.
Rémi : ‘’C’est important pour nous de jouer ici car c’est un des rares festivals qui programme des groupes émergents, qui soit gratuit et qui propose de voir les groupes plusieurs fois, dans un super cadre. On est accueillis merveilleusement et on sent que les gens ont envie de voir les groupes parce qu’ils les ont écoutés avant de venir. Il y a un vrai intérêt, une vraie implication. C’est toujours incroyable de jouer ici, c’est toujours parfait !’’.

Beast Records / Adrenalin Fix Music / Strychnine Records / Ill Records
Rémi : ‘’Seb Blanchais (NDLR : le boss du label rennais Beast Records) nous a sorti nos deux premiers albums et ce sera encore le cas pour le prochain. On travaille depuis trois ans ensemble. Je travaille aussi avec lui pour mon autre groupe Weird Omen. C’est la famille quoi ! On est toujours contents de faire des projets ensemble.
Adrenaline (NDLR : label de production DIY, Management et Touring basé à Bordeaux), ça fait un an qu’on bosse ensemble pour le booking. Ils sortiront notre troisième album fin septembre/début octobre en co-production avec Beast Records et Strychnine Records (Périgueux).
Ill Records, c’est un bon pote de Limoges qui nous a aidé gracieusement sur les deux premiers albums. Il a monté son label, il sort quelques trucs et c’est un des bons côtés de Limoges !’’
Songazine : ‘’Tu vois qu’il y en a quand même !’’
Rémi : ‘’Bien sûr ! L’air est pur !’’

Duo
Rémi : ‘’On a choisi cette formule pour plusieurs raisons. Le fait de pouvoir tourner plus facilement, de composer différemment. Ça nous a donné une liberté et en même temps, ça nous a donné des grosses œillères, des barrières au niveau du son.
Perso, je n’aime pas du tout la manière dont un duo sonne. Je ne veux pas généraliser mais très souvent les duos, c’est soit garage un peu à l’arrache et léger, soit blues-rock, genre une batterie va jouer comme s’il y avait une basse et du monde et la guitare va faire une partie guitare normale.
On voulait se sortir de ça et parvenir à se calibrer rythmiquement et harmoniquement. A être vraiment ensemble. Qu’on n’ait pas l’impression de voir un duo. Ça c’est pour la recherche artistique.
Et après, ça fait aussi plus de tunes ! Ça on ne peut pas le mettre de côté, il faut être honnêtes. Alors je suis honnête !’’.
Charly : ‘’Ça permet une facilité au niveau des compositions. Il faut que ça matche tout de suite. A partir de ce moment-là, c’est cash. Entre nous, c’est très très cash !’’.
Rémi : ‘’Mais la vie c’est ça !’’ (Rires). ‘’La vie est plus simple quand on est cash’’.

Quelle évolution voyez-vous entre vos deux premiers albums ?
Rémi : ‘’Bird Of Prey’’ a été enregistré plus rapidement, avec une direction plus 90s et des trucs plus barrés, moins évidents. Le premier LP est un premier jet de l’intention qu’on avait à l’époque. Le son change ; plus tu joues et plus ton son et ton matos changent donc forcément les albums sont différents. L’évolution entre les deux concerne surtout le son’’.

Quelle est votre manière de travailler ?
Rémi : ‘’Sur scène, en composition ou en studio, on veut garder une énergie punk rock dans la façon de faire. Donc forcément, ce sont des morceaux courts et des sets expédiés. C’est identique en studio : on enregistre live et on garde la première prise. On fait vite, c’est naturel.
Quand tu fais une musique psychédélique, avec plus de recherches dans le son, où tu as du solo, tu vas forcément passer plus de temps parce que tes morceaux durent entre 3 et 4 minutes.
Mais quand tu fais du guitare/batterie sur 1’30’’, je ne vois pas l’intérêt d’y passer plusieurs jours sinon c’est chiant ! ‘’.

Artwork
(au contraire du bide intersidéral engendré par le petit papier ‘’Limoges’’, le sujet ‘’Artwork’’ illumine les yeux et déclenche les mots du duo)

Charly : ‘’Pierre Garot est le guitariste des Bushmen avec qui j’ai joué. Il a commencé à collaborer au projet en créant les pochettes de nos deux albums. Il a un univers qui lui est propre et un sens des idées et du graphisme incroyables. Sur toutes les idées qu’il propose, il y a toujours quelque chose qui nous…’’
Rémi : (Il coupe) ‘’Attends, anecdote ! … On a commencé avec ce groupe en sortant un EP 5 titres, juste pour commencer à sortir du son. Pierre était allé chercher des cibles dans un stand de tir et il avait inscrit Escobar dessus au pochoir, avec les impacts de balles… J’ai trouvé ça génial. Il bosse comme ça, il fait des collages simples. J’adore sa manière de travailler. On va tout de suite vers quelque chose, vachement alterno en fait’’.
Charly : ‘’Et vers les 90s aussi. Il a cette influence-là, c’est quelqu’un qui m’a fait découvrir énormément de groupes, qui déborde d’idées. Il y a toujours un truc qui matche avec lui depuis qu’on bosse ensemble, c’est une évidence de travailler avec lui. Moi j’adore ce qu’il fait. On approuve tous les deux’’.

Est-ce que vous lui transmettez des souhaits au départ ?
Rémi : ‘’On a très vite avec Charly une idée extrêmement précise de ce qu’on veut, que ce soit pour les compos ou la pochette. On donne à Pierre plus ou moins de directives. Lui nous envoie tout un bordel de trucs et on flashe toujours sur un visuel précis. Pour le troisième album, ça a aussi fonctionné comme ça, à partir d’un collage, d’une photo…’’.

Bestiaire : pourquoi choisir des animaux pour les pochettes de vos albums ? (Le grizzly pour ‘’エスコバル’’ et le coq pour ‘’Bird Of Prey’’)
Rémi : ‘’C’est un pur hasard. C’est juste que ça matchait sur les visuels. Pierre gerbe ses idées. On n’a pas cherché particulièrement à avoir un sens. C’est comme les morceaux et les paroles qu’on écrit, le sens vient dans un second temps. Quand tu fais du punk c’est ça. L’énergie, elle est honnête ; mais le sens lui, vient après, parce que tu racontes n’importe quoi’’.
Charly : ‘’Il faut aussi que ça matche entre nous deux sur l’idée. Si on n’est pas d’accord, il faut recommencer le travail. Sur les idées que Pierre nous a proposées, c’était compliqué de sortir de l’illustration de ‘’Bird Of Prey’’. C’est quand même quelque chose qui a un impact. Il fallait prendre un peu le contrepied de tout ça et…’’
Rémi : (il coupe) ‘’Et c’est fait ! Surprise début octobre’’.

artwork ESCOBAR - Premier LP

artwork ESCOBAR - Bird Of Prey

3ème LP
Rémi : ‘’On vient de finir l’enregistrement fin juin. Il va partir au pressage fin août pour une sortie début octobre. On est partis sur un son un peu plus grunge qu’auparavant. On évolue à chaque album. Je suis content de ce qu’on est en train d’atteindre. Tu as pu constater que notre set de ce soir était différent des précédents. On essaie d’effacer cette étiquette garage et faire comprendre que l’on fait du punk rock avec une sonorité 90s’’.

Est-ce que tu penses que l’on peut connaître un revival grunge dans les mois à venir ?
Rémi : ‘’Ce n’est pas à moi de le dire. Nous on s’inspire de la scène actuelle mais aussi des années 90s, du punk fin 70s et du garage 60s. Ce sont des choses qu’on écoute, on est curieux. Forcément ça se ressent en ce moment puisqu’on est en train de partir vers ça. C’est un style qui nous tient à cœur. Après, que ça revienne massivement au-devant ou pas, on s’en fout !’’.

Influences
Rémi : ‘’Je ne pense pas qu’on puisse citer des groupes précis pour les influences parce qu’on écoute trop de merdier (sic). Par contre, dans la façon de faire, on bosse avec un nouveau sondier pour le mix de l’album à venir, et on est sur la même longueur d’ondes.
Ce qu’on fait, on le joue punk et rock mais on veut que ça sonne 90s. Je pense que c’est ça.
Charly et moi avons des influences différentes mais en même temps, on se retrouve sur pleins d’autres trucs. Ce qu’on fait, on le détache de ça, on fait ce qu’il nous sort.
Dans la production, on veut que ça joue punk rock 70s, même limite hardcore 80s, que ça sonne marécageux comme savaient le faire les Cramps’’.

Un dernier mot ?
Rémi : ‘’Merci à Songazine de nous suivre depuis le début !’’.

Ce que l’on ne manquera pas de continuer à faire, avec un plaisir non dissimulé. Rendez-vous dans deux mois pour la sortie du troisième LP !

ESCOBAR @Binic Folks Blues Festival 30.07.2017

Alechinsky

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