Pause estivale en demi-teinte, thermomètre irrité, soleil impitoyable. Un temps pour prendre du recul, laisser des pensées divaguer, se projeter dans le futur et surtout dans le passé.
En mode lazy, sunny, moody, je vous propose 12 morceaux qui me rappellent de façon spécifique des souvenirs ou des époques, des gens, des moments. Ceci n’est pas un best of, juste un extrait de ma B.O. « the life of JV, chapter 234 ».
J’ai dans la matière grise des milliers de morceaux, que je sais reconnaître mais sans doute une centaine qui me trotteront pour toujours dans les neurones et synapses.
Il y a forcément quelque raison pour cela…
N’est-ce pas cela l’un des pouvoirs magiques de la muzik ?
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Un pur son tout nu et claquant de synthés des années 80, créé par deux britanniques futés et créatifs. Contraste avec le chant habité, paroles mystiques d’un athée interloqué.
Simple et percutant.
Je dois avoir le maxi 45 tours quelque part.
Bashung : Les grands voyageurs
En mode blues, harmonica, steel guitare et totalement roots, Alain B. nous dépeint une sorte d’hommes dont mon père faisait assurément partie. Les récits captivants et les ardoises dans le cœur…
Paroles de Jean Fauque impeccables.
Évidemment l’album Osez Joséphine, je l’ai usé et ré-usé. Chef d’œuvre made in France, ils ne sont pas si nombreux dans mon panthéon perso.
The Rolling Stones : 2000 Light Years From Home
Une chanson pas très connue de nos octogénaires rock and roll préférés. C’est Brian Jones qui l’a fabriquée. Envoûtant.
Ce morceau est une subtile attaque d’aliens insistants et infiltrés.
Drugs don’t work ? Ben si quand même, on a des preuves.
Virgin Prunes : Pagan Love Song
Une obsessionnelle comptine de païens tapageurs et couverts de boue.
Ce que l’on doit entendre en arrivant en Enfer, exactement, chanté par une cohorte de démons et vous revoyez un best of de vos péchés sur Terre.
Ensuite on vous passe du Zaz ou du Jul en boucle.
C’est l’Enfer, on vous dit !
Les guitares gémissent, la girl n’est pas stupide c’est faux, les arrangements sont géniaux, le rythme vous prend la tête et les jambes. Une chanson complète, parfaite, culte qui peut rester dans un tympan du matin au soir, vous la chantez dans les couloirs du métro et dans votre tête en réunion quand vous n’écoutez plus.
DAF : Der Raüber Und Der Prinz
Les duo cuir-sueur-Deutschland DAF à son apogée. Le look et le son, un marque-page absolu du post-punk électro dansant, les DAF.
Un murmure dans la langue de Goethe avec une batterie tatapoum et un petit son de synthé vicieux. Coquins…
Une histoire plutôt gay en fait, les lyrics ne laissent guère de doute. En allemand le mot « Der Prinz » est qualifié de masculin faible et se décline un peu différemment. C’est pourtant clair, non ?
Quand on écoutait un 33 tours ou un CD de A à Z 10 fois de suite et dans l’ordre, dès qu’un morceau se terminait, on entendait déjà l’introduction du suivant, l’enchaînement des pistes signifiait quelque chose !
Sur London Calling, après les cavalcades du titre éponyme héroïque puis de brand New Cadillac, on soufflait un peu avec Jimmy Jazz.
Un truc un peu jazz, justement, surprenant, qui parle d’un type qui a la police aux fesses. Une rengaine bancale et très attachante. Strummer bafouille, postillonne, on voit sa bouille et Paul Simonon qui doit balancer derrière…
Dès que j’entends Brand New Cadillac se terminer, j’attends Jimmy Jazz qui arrive en titubant, mais la police l’a peut-être chopé ?
Paula Cole : Where Have All The Cowboys Gone ?
Du charme et de la classe, une balade douce et vespérale avec une voix de fée qui dit des horreurs à faire se rouler Sandrine Rousseau et Gisèle Halimi dans leur bave de rage. C’est du second degré, c’est du second degré : calmez-vous !
Au passage merci à tous ces artistes de Madness à Nick Cave, de Marianne Faithfull à Paula Cole grâce à qui on a fait tant de progrès en anglais : on a tendu l’oreille pour comprendre, on a chopé le dictionnaire, on n’a rien lâché !
Marianne Faithfull : Why’d Ya Do It
Justement, Marianne.
L’album Broken English, un choc pour moi, je l’ai écouté X+n fois. Cette couverture noire et bleue… forever.
Sur un rythme reggae puissant et imperturbable, elle règle ses comptes de façon foudroyante (et foudroyée) avec un amant qui l’a trompée via une complainte qui sent la clope et le remontant bien dosé avec une salve de mots crus et cruels. Le gars doit être tout petit dans son pantalon, qu’il se prénomme, euh, Mick ou même autrement.
Tromper Marianne F. : mauvaise idée.
Kat Onoma : Que Sera Votre Vie
Une dystopie sonique qui nous promet un avenir sombre, dont la probabilité semble se rapprocher un peu plus chaque jour.
Fan total de Rodolphe Burger, je hoche la tête et me laisse emporter par ce lancinant morceau, un peu paresseux et totalement effrayant.
Et « la terre de feu », on y est presque.
Il y a des morceaux dont le clip est inséparable du plaisir procuré par leur écoute. Pour moi c’est le cas de celui-ci !
Vidéo en noir et blanc, les deux comparses sont coolos à l’arrière dans ce road trip qui ne va nulle part, Emmanuelle Seignier au volant, leur pote barbu en costard qui danse tout le temps et la grande classe de Bertrand Belin, clope à la main, voix grave parfaite.
Rien à ajouter, atmosphère, atmosphère, c’est ultra rock and roll de facto, il y a des gens qui n’ont qu’à apparaître and this is it, man !
Bernard Lavilliers : Fensch Valley
Un de nos plus grands chanteurs, un auteur compositeur interprète dans le top 10 de notre hexagone.
C’est vraiment magnifique une usine, c’est plein de couleurs et plein de cris, c’est plein d’étincelles surtout la nuit, chantait-il avec sa guitare chaloupée.
Lavilliers est toujours là, les usines sont toutes fermées.
Jérôme « so much music in my hear