Remixer, voilà un mot pas très joli.

On pense à des recettes, des machines qui tournent, broient, émondent, hachent et éparpillent façon puzzle voire aux petits oignons. Dans la cuisine musicale moderne, il s’agit de mélanger les sons d’une façon qui n’est pas celle qui fut choisie lors d’une première version (du bois). Notez que dans le monde (diplomatique) de la musique électro au sens large, on a souvent X versions d’emblée !

Pour être très franc, cet exercice n’est pas toujours (et nuit) une réussite, quand il reste cantonné (comme le riz) à étirer le morceau de deux fois sa longueur, insérer des breaks de batterie, mettre de l’écho sur la voix et à sampler un bout de refrain que l’on répètera de façon systématique 495 fois.

En revanche, il existe mille et un remixes admirables (de lapin), qui donnent une autre vie à des chansons. Le remarquable album One Trip/ One Noise en est, de mon point de vue (sur la mer) un des meilleurs exemples, secouant des chansons de Noir Désir avec amour et inventivité (à la menthe).

DJ Maestro (pico ?) nous livre sa galette de mélanges inédits et cette fois c’est la légendaire Nina Simone qui passe dans son ordinateur (des braves). C’est de l’album Little Girl Blue qu’il livre une version étirée, malaxée, requalifiée avec des sons actuels. L’année 1958 est catapultée en 2016. Ce hollandais volant n’est pas violent et on écoute, on reste concentré (sucré) et on vous donne notre avis (des bêtes). Le résultat est fort bon. Il est vrai que les originaux sont de haute qualité. La pléiade de producteurs mis aux manettes pour ce travail (et fines herbes) s’est donné du mal et chacun a fait honneur à la dame.

Ce labeur sonique respecte Plain Gold Ring (X 2), fait pétiller My Baby Just Cares For Me (X2), nos donne trois ambiances d’African Mailman certes « club » mais plaisantes, leur I Love You Porgy part dans les étoiles très loin… bref il y a du respect dans ces versions nouvelles de quelques chansons de l’immortelle et adorable Nina Simone. On termine par un nostalgique et tendre Central Park Blues, vintage teinté de moderne, qui nous prend par la main et nous donne envie , encore et encore de visiter New York, y courir, y marcher (aux puces) un casque sur les oreilles. Avant de prendre votre billet d’avion, faites un geste un peu classe, achetez ce disque.

Jérôme «just cares for you » V.

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