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Un jour, comme Forrest Gump, j’ai commencé à courir, écrire, chroniquer publier et depuis je ne me suis pas arrêté.
C’était il y a cinq ans. Une éternité, non ?
J’étais au placard dans une multinationale, salarié encostumé très correctement rémunéré, mais employé à 1% de mes capacités. Pas dans le bon clan, pas au bon moment, pas assez de dents.
Les plans sociaux s’égrenaient, année après année, le headcount de la multinationale fondait, alors que les profits montaient en flèche. Air connu.
La DRH blonde et ambitieuse m’a dit bien en face, dans son bureau en « one to one », que j’étais trop vieux, trop payé et que je n’avais pas les « compétences biopharma » adaptées à un poste dans les organigrammes en lien avec mes ratings dans le software performance connexion. Elle s’est même étonnée que je ne n’aie pas déjà démissionné ! Il paraît qu’on trouve très facilement du travail si on cherche (et c’était bien avant qui vous savez qui vous propose de traverser la rue pour choper un CDI sans coup férir). Elle s’est un peu ravisée, se souvenant que j’étais membre élu du CE et actif syndiqué (chers amis n’oubliez jamais Jaurès, Jean Moulin ni le Canard Enchaîné, la lutte des classes, c’est hier, maintenant et demain) ;
You’re dead, Bela Lugosi’s dead.
Pour une fois un peu secoué par tant de franchise managériale, je suis retourné dans mon bureau open space, j’ai contacté sans tarder une école multimédia, et j’ai lancé le site Songazine, puis attendu d’être dans la liste de la prochaine charrette ou la suivante, ce qui arriva deux ans plus tard.
En attendant, certains auraient succombé au « bore out », mais moi j’avais Songazine.
Le nom m’est venu comme ça, en 3 secondes un soir et au téléphone, parce que « 1789 songs » ça ne fonctionnerait pas en recherche Google. Les étudiants avaient raison.
We are the sultans of SEO.
Le plus drôle, avec le recul, c’est que l’on me voyait à mon poste, dans le building de verre et d’acier, frappant le clavier avec énergie, être de bonne humeur à la cantine, faire des heures de présence très correctes. Je n’ai pas été très productif, coucou au passage à la blonde DRH, mais je n’ai pas lâché mon job.
Career opportunities, the ones that never knock.
Tape, Forrest, tape.
Survivre en écrivant, avoir réalisé quelque chose de sa journée, matérialisé des idées, construit un texte un poil original. Le partager, recevoir un retour aimable, waow.
Made my day comme disait Clint Eastwood en flinguant un fils de p*** à coups de 357 Magnum. J’ai dégommé des jours, des semaines, des mois avec des rafales de 3000 signes incl. espaces. Et Woody Allen de rajouter « l’éternité c’est long, surtout vers la fin ». Il a raison.
La foi rock and roll chevillée à l’âme, j’ai humblement démarré par des chroniques sur des morceaux oldies, classiques, puis j’ai reçu une, dix, cent, deux cents sollicitations, invitations et requêtes pour écrire quelques lignes sur de la musique ! Les agences presse et RP m’ont un jour repéré et ne m’ont pas lâché depuis.
Songazine est considéré comme un « média » et a gagné sa place au soleil du Web. Quand tu fais la queue pour les accréditations en Télérama et Rock and Folk, tu te dis que tu as gagné un niveau.
No stop signs, speed limits.
J’ai aussi le plaisir d’avoir recruté un paquet de chroniqueurs de talent. Ce dossier en fait état, démonstration et preuve digitale. Certains sont là depuis longtemps, d’autres sont passés comme des brises légères ou des vents brûlants, souvent avec de jolies nuances de plumes. Merci à eux, et en ces colonnes la liberté d’expression n’est pas un vain mot. On a parlé de trucs bizarres, innovants, peu connus, fragiles et émouvants, rares et discutables, mais toujours sincères. Rien à regretter, que de belles archives.
Here are the young men, but where have they been ?
Je suis fier de vous les gars et encore plus des filles, car les Songazelles sont des pointures, c’est moi qui vous le dis. On serait sûrement tous collés au poteau dans une République Populaire ou confessionnelle, c’est plutôt bon signe, non ? Vous nous imaginez en scribes de propagande, ou prophètes de l’autotune du Grand Libérateur ?
Cinq ans après, Songazine est toujours vaillant (LOL), j’ai entamé une nouvelle carrière et j’écris encore avec joie, allez… une centaine d’articles par an.
Alors, quelques paroles de chroniqueur ?
Comment j’écris ? En direct, vite, le sourire aux lèvres et sans forcer, inspiré par je ne sais quelle muse (un peu dodue ?).
Pourquoi j’écris ? Parce que Ian Curtis, Joe Strummer, BB King, The Liminanas, la TR 808, le Juno 106, les Moog pleins de fils, les Barbares de Lavilliers et le Champagne d’Higelin, la Fender Stratocaster et le Telecaster, la Gibson SG d’Angus la distortion, les amplis Marshall à volume 10, les yeux de Siouxsie et de Debbie Harry, les chemises rouges de Kraftwerk le solo de guitare de Sympathy for the Devil, le roulement de batterie à la fin de Whole Lotta Love et le cri primal de Daltrey dans won’t get fooled again, le sourire de Chuck, boire un pastis avec Suggs de Madness, interviewer OMD et Luke, ressentir la classe de JJ Burnel au téléphone, entendre l’énorme aaaaaaaaaaaaaaaaaaa quand la lumière s’éteint enfin et que le concert va commencer, Le Hellfest, Rock En Seine, le pogo, les rappels, les milliers de disques qu’on adore, l’autoradio à fond, et bien sûr tous les albums à venir et pas encore écoutés, la joie unique d’entendre un morceau tout frais et se dire : putain, c’est urgent, il faut que j’écrive un truc là-dessus.
Cours Forrest, cours.
C’est reparti, on ouvre Word, et on poste un article en vitesse.
I know, it’s only rock and roll but I like it. Yes I do.
xxx
Jérôme « Songazine.fr since 12.IX.2013 » V.