C’est avec grand plaisir que les spectateurs de La Clef @Saint-Germain-en-Laye ont redécouvert le brio de Bruno Tognin, musicien compositeur, producteur et interprète vivant en France, venu de son Brésil natal.

Sa création musicale (qui s’écoute ICI) n’est pas toute nouvelle car issue de la numérisation du son amorcée avec l’évolution numérique des années 90-2000. La dématérialisation de la musique coexiste à présent avec des expressions musicales dites plus traditionnelles.

Le 18 mars 2017, Bruno Tognin fut déjà un des principaux instigateurs du week-end électro-numérique Bal(l)ades @La Clef, lieu où se côtoient les plus diverses expressions musicales et locales.

Son « Push » a alors déclenché un vif intérêt à se familiariser avec la musique sur pad(s) et l’ordinateur comme source d’instrumentarium. Seul sur scène derrière son pad, Bruno Tognin nous fît sentir la dynamique infinie de cette musique numérique assortie à une sensualité vocale hors-pair.

Bruno Tognin manie le pad comme on manie le piano en virtuose. Plongé dans une ambiance intimiste, il a bercé le public d’une charmante danse de poignets et de doigts encore trop insolite dans le paysage musical ambiant.

Le mieux était encore de se placer en haut de la salle des A.I. pour le voir orchestrer la musique avec pour compagnons un clavier pad et un micro et le lien crée entre son, rythme, intensité et lumières.

Bruno TOGNIN @La Clef Saint-Germain-en-Laye 29.09.2017_4

Bruno Tognin laisse ainsi couler l’inspiration à fleur de doigt sur son prochain EP en français, anglais et brésilien et dans l’ordre on a pu écouter : “Like Wine”, sa reprise brésilienne de Criolo « Nao Existe Amor Em São Paulo » qui résonne plus particulièrement au cœur des nombreux lusophones locaux.

Suivi d’une reprise de Chet Faker d’un « Gold » très visuel illuminant sons et mots pour les fusionner aux lueurs dorées perçant le derrière de la scène.

Il a enchaîné avec son « Never Stop to Run » au milieu de ronds creux de lumière vide défilant au sol d’une scène noircie par le passage du temps du vivace titre repris de Daughter, « Youth », clôturant sa performance.

En live, Bruno Tognin adressa un message au public, qu’il aimerait que chacun puisse vivre où il veut dans le monde, sans doute en écho à sa chanson « Hard Papers ». Chacun devrait effectivement pouvoir vivre dans le pays où le mène son cœur que ce soit à São Paulo ou ailleurs en ce monde qui se dématérialise du papier ou du réel.

Les jets de lumières rougeoyants, blancs puis bleus des spots ont fait écho aux petits carrés de couleurs activés par le toucher sur le pad mais la musique sur pad kezako ?

En gros, le pad est une surface de type clavier, composé de boutons qui s’activent et s’éclairent de couleurs différentes, relié à un logiciel de création et composition musicale à paramétrer avec beaucoup de minutie pour s’harmoniser et travailler la matière sonore selon plusieurs modes comme le mixage, bruitage, sampling et autres effets de réverb etc.

Pad_Bruno TOGNIN_1

Des sons de synthèse d’instrument sont enregistrés en codage numérique dans l’ordinateur selon la norme midi et associés à une touche carrée qui éteinte tend vers le blanc grisâtre. En toute créativité, Bruno ajuste la hauteur des notes, balance grave ou aigu, intensité ou vélocité en accord avec l’expression désirée à sa partition avant de jouer la note sur le pad qui ainsi customisé obéit au doigté à l’œil arc-en-ciel.

Les possibilités de composition et montage sont riches et démultipliées et la musique au pad faite maison peut créer l’instrumentation virtuelle de chansons presque n’importe où en un vrai home studio.

Bruno Tognin a autant sinon plus de cordes à son arc, table de mixage, carte son externe, clavier maître etc. qu’avec un seul instrument à la fois en composition et répétition de groupe.

Musicien confirmé, Bruno Tognin a commencé la musique jeune et composa via le pad ensuite. Tout comme Grand Corps Malade, auteur compositeur slameur français, Bruno a pu vraiment se consacrer à la musique lors d’un repos forcé post-accident. Le corps meurtri, son esprit a pris le pas sur la souffrance pour en faire une force au service de son talent.

Est-ce qu’il pense continuer dans cette voie ou s’associer à un projet au sein d’un groupe dans l’avenir ? Le devenir de sa musique le dira mais c’est en artiste complet et prometteur qu’il continuera de produire sa propre musique.

 

Vanessa Mdbs

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