Je suis dans le Trafic.
Ca avance doucement. Les lumières commencent à scintiller. Progressivement et ensuite, totalement. Dans la nuit. Dans le froid. Sous la pluie. La capuche sur la tête. Au volant, il commence à chanter. C’est Gaëtan qui conduit. Nous allons vers l’espoir, le temps qui passe et les jolis moments. J’ai dans la tête ses mélodies et dans le coeur, tous ses sourires. Ca me fait du bien. J’ai dans les oreilles, ses textes qui me transpercent.
Il accélère. Je regarde le paysage défiler. « Il y a le mot Je t’aime, Dedans il y a de l’or. Le mot Je mène, dedans il y a viens ». Alors je le suis. Je le suivrai, Le jour et la nuit. Je « regarde derrière, garde l’espoir ». J’ai envie d’y croire.
Ensemble, on évoque nos doutes, nos peurs. Il a Tellement peur. « De manquer d’horizon ; De [me] regarder dans les yeux ; De [s’]avouer vaincu, de ne pas être heureux. » Alors, je l’accompagne dans ses pensées et j’applaudis.
Il me dit : « Que pourrait-il nous arriver si on cherchait à toujours tout retenir ? Que pourrait-il à l’avenir si on restait là sans bouger. Si on restait à toujours tout retenir ? » Alors, je le rassure : « Inside, outside, Don’t leave me my baby ; Don’t, on his way back. »
Mais, il chante à tue-tête : « Je veux bien, je ne sais pas. Do you know what you know. Je ne sais pas, je ne sais pas » et je vois bien que ça le fait marrer.
Et puis, on parle de choses plus graves. Le temps défile. On traverse les maladies, l’oubli, la mort. Mélancolique, je pense à Hope, « [celle qui] ne connait plus le nom des fleurs du jardin / [Qui] renverse les moments, inverses les choses. » Il me parle de rencontres et d’évidence. Il y a Léa. « Elle [était] pas fute-fute, elle [était] pathétique. Elle [était] paresseuse, elle [était] pas réciproque, » mais il l’aimait bien. Il y a Vanessa aussi. Avec elle, dit-il, « Parfois on regarde les choses Telles qu’elles sont En se demandant pourquoi / Parfois on les regarde Telles qu’elles pourraient être En se disant pourquoi pas. » Et dans cette parenthèse Paradis-iaque, j’ai envie de lui dire « Tu me manques, pourtant tu es là. »
Et puis, soudain, en regardant dans le rétroviseur, on se remémore notre rencontre. Le jour où « [il a] accepté par erreur [mon] invitation. » Et Le début d’une histoire, le moment où il chantait : « C’est le début. Il y aura une fin mais là c’est le début. C’est là que je t’ai vue. […] Et aussi d’être heureux et aussi d’être heureux. Seul où même à deux. C’est ambitieux, trouver le chemin souvent c’est douloureux. »
Ca s’accélère. Les lumières éclairent le ciel. Changement de direction, on s’égare quelques instants. C’est expérimental. Gaëtan s’éclate, il sourit. Il sait où il va. Où il nous emmène.
« Ne tombe pas, [Il] me [répète] sans cesse, ne tombe pas ». Alors je suis rassurée. Et maintenant je n’ai plus qu’une envie, « [Me] souvenir [des] belles choses. » Et je lui répondrai « C’est pour toujours » ou encore « Never walk away. »
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Gaëtan Roussel vient de débuter, à La Sirène de La Rochelle, la tournée de Trafic, son nouvel album. Et pour les parisiens, il sera à la salle Pleyel le 13 décembre 2018.
Anne-Laure, « emmène-moi au vent, emmène-moi au-dessus des gens »