Le Kingston Mines, à Chicago c’est une institution, un temple, une référence. Club de blues fondé en 1968 par Doc Pellegrino, pour nous soigner les oreilles, l’âme et le foie. Repaire d’amateurs et antre de concerts mémorables.
Sa particularité ? DEUX scènes, où les groupes se relaient toute la nuit pour nous jouer de la bonne et belle musique. 45 minutes à une heure de set à gauche, hop, à droite et comme cela jusqu’à cinq heures du matin le samedi : impressionnant !
C’est plein comme un œuf, public « wasp » à 80%, quelques blacks, asiatiques et latinos, ambiance chaleureuse et 100% « secure ». Aux murs, plusieurs portraits de Mr Obama, qui n’est pas sans attaches avec la ville comme vous le savez. LOL, vous imaginez des affiches avec notre Président au Gibus ou au Bataclan ?
Entrée 15$, boissons dès 6$, restauration légère, vous ne serez pas ruinés sauf si vous payez une tournée de trop à tous vos amis, et on peut vite sympathiser ici car les amateurs de blues sont attachants et loquaces. Personne ne fait la gueule, c’est clair. A l’américaine, on se présente et on parle sans gêne, de façon agréable… surtout qu’on est venus ici chercher les mêmes sensations fortes.
Ce soir, à gauche nous avons Mike Wheeler Band, qui mélange blues et reprises funky allant de Prince à Michael Jackson ou les Temptations. Jeu de scène enlevé, entraînement de la foule compacte qui danse, boit et rigole.
A droite, du rock-blues et du boogie avec Billy Branch and the Sons of Blues, un homme d’une classe folle, harmoniciste hors pair. Une reprise de Boom Boom Boom de John Lee Hooker qui vous laisse sur le carreau, met une grosse claque dans la tête et décolle les pieds du sol. Son clavier est un asiatique tout petit et chenu dont les doigts volent et assènent les accords avec une vitesse hallucinante. J’ai le droit à une blague ? Oui, alors appelons le Jerry Li.
OK, je sors ou plutôt je vous ramène une Margarita ?
Comment dire… on ne s’habitue pas à cette atmosphère exceptionnelle, c’est simplement grisant, la qualité ne baisse pas d’un cran. Effet « waow » diraient des anglo-saxons. Un seul de ces groupes mériterait de remplir Bercy 5 fois chez nous, ici ils sont des types du coin qui jouent bien.
Je vais parler entre les sets à Mike Wheeler puis à Billy Branch, ils ont voyagé et déjà joué à Paris, connaissent notre fameux hôtel Méridien et sa petite scène. Une fois encore je constate l’extraordinaire simplicité et modestie de ces grands bonshommes, qui vous sourient et vous regardent avec bienveillance.
C’est cela aussi qu’on vient chercher au Kingston Mines, un peu d’humanité bio et ma foi fort élégante, surnageant avec grâce dans un monde de dingues.
I got it, Bro !
Jérôme « babytalk » V.