Lors du festival Levitation à Angers, nous avons fait la connaissance d’un groupe local répondant au doux nom de Sheraf. Nous avions rendez-vous avec Nerlov le batteur et Stw le guitariste.
Quand Songazine avait interviewé Yak au Point Éphémère, ils nous avaient parlé d’un groupe de français, Andy le bassiste avait tenu ce propos : « Nous avons vu un putain de groupe. Il s’appelait Sheraf. Il est vraiment cool ce bar (La Mécanique Ondulatoire). On aime bien cette ambiance où ça transpire, ça pue la bière et que le public bouge ! Nous étions déjà venus en février et c’était vachement trippant ! »
Maintenant c’est le tour de Sheraf de parler de Yak, Nerlov : « On les avait découverts au Printemps de Bourges. On s’était pris une grosse branlée. Puis, la semaine d’après, ils étaient passés nous voir à la Mécanique Ondulatoire. Ils avaient grave aimé. Ils nous ont même acheté des vinyles. »
Le Levitation a permis aux quatre membres de se rencontrer mais aussi de poser la première pierre de Sheraf. « Dead Skeletons a été la grosse claque et aussi l’élément déclencheur dans l’envie de créer le groupe. Nous étions tous là pour la première édition. Tucker et Nerlov étaient bénévoles, à servir des bières au bar VIP. Chris et moi on jouait au off avec Eagles Gift. On se connaissait déjà vue, mais Dead Skeletons nous a réuni, » commente Stw.
Une des particularités visuelles du groupe est qu’ils abordent un blase sur le dos de leurs blousons. Imaginé et dessiné par Stw, Nerlov nous explique ce qu’il signifie : « C’est le crâne d’Elvis coupé en deux parce qu’on lui a sucé tout son cerveau comme des zombies. Il y a une putain lame de barbier bien émoussée. La même que dans les Promesses de l’Ombre (Cronenberg). » Stw ajoute sur leur logo : « L’idée des blousons patchés existe bien avant qu’on fasse de la musique. Le groupe est parti d’une rencontre de deux groupes de potes. Nous avons passé des soirées à se retourner la tête. On s’était bien marrés sur le principe des gangs de motards. Mais ce qui nous fait délirer, c’est vraiment le second degré derrière ce logo. Il y a même des gens qui le prennent au premier en mode : ‘Han, vous êtes des violents !’ »
Nerlov a une petite anecdote dessus avant de conclure : « Une fois, il y avait un rassemblement de bikers à Angers. Nous avons des amis qui ont un crew et on leur a demandé qui on était, à quel gang on était affilés. Il faut savoir que c’est une grosse blague. Pour autant, notre musique reste sérieuse et premier degré mais tout le folklore derrière est fun. »
Leur musique est un garage punk-rock psychédélique, brut, spontané, bien nerveux comme on aime. Le mot « spontané » est en quelque sorte leur précepte de tous les jours : « Quand nous composons, on fait le plus souvent des jams-sessions. Nos idées fusent pendant qu’on joue. On essaye toujours de garder cette idée d’une première prise. Après ça nous arrive, de jeter, de reprendre, de trifouiller, de remettre un morceau, » commente Stw.
Tucker est le chanteur de Sheraf. Il a cette particularité sur scène de rester stoïque pendant que les autres se déchaînent. De sa voix caverneuse, il enchante le public. Nerlov nous le décrit : « Son chant c’est les trois quart de l’ADN du groupe. Souvent dans le garage tu entends des criardes (voix), des aigues. Et, nous on est ce mélange de garage dans l’instrumental et de psychédélique mystique dans son ton et dans sa posture. Je trouve même qu’elle est plus grave que celle de Ian Curtis. »
Punir Punir, Bloody Town, James Bond Sucks, Zero, Death Dealer… sont les petits noms de leurs chansons, Stw commente : « Si tu savais d’où viennent les noms des morceaux ! » Nerlov poursuit : « Les noms de nos morceaux n’ont aucun sens. Je t’avoue qu’on ne cherche pas très loin les titres. Parfois, Tucker quand il écrit, il impose un nom mais généralement c’est au pif. On dit deux, trois conneries et puis on choisit le plus pertinent et voilà le travail ! »
Sheraf et Cie…
Sheraf est-il un groupe Do It Yourself ? Stw a la réponse : « Par défaut, oui. J’aime bien cette démarche car au moins tu n’as pas d’intermédiaire entre nous et le public. C’est vraiment le système D. C’est à toi de te démerder pour faire fonctionner la machine. En plus, tu apprends des métiers que tu n’imaginais pas un jour de le faire. C’est très bénéfique le DIY. »
VedeTT, San Carol, Eagles Gift sont des groupes angevins, dont Stw et Nerlov jouent en parallèle de Sheraf. Arrivent-ils à s’en sortir avec toutes ces formations de différents styles, Stw répond : « Carrément. Je ne supporterai pas de jouer dans quatre groupes qui ont la même esthétique. L’intérêt est de pouvoir jouer dans différents genres de musique ; ce qui te permet de rencontrer plusieurs publics. » Nerlov ajoute : « C’est aussi de pouvoir combler cette soif de vouloir jouer de la musique. Puis, on est inspiré par tellement de choses que le lundi, j’ai envie de faire du Timber Timber, le mardi du Booba, le mercredi du PNL et le jeudi du Thee Oh Sees. Ces groupes dont on fait partie, nous permettent de s’épanouir ! »
Les Sheraf ont sorti deux Ep, EP I (2014) et EP II (2016), y aura-t-il un album à la clef : « On y pense sérieusement. On a plein de morceaux, plein de chantiers. On a l’envie, mais nous avons pas encore trop le temps. C’est ça d’avoir plein de groupes. Mais, à un moment donné, on va s’y mettre. » Stw ajoute : « On désire de créer une belle oeuvre. Ça prendra le temps qu’il faudra mais en tout cas ça sera notre prochaine étape. »
Enfin, avant de les lâcher à leurs occupations, nous terminons par le dernier mot de Sheraf : « Balèk ! » A vous les studios…
Thomas Monot
Bonus lien :
Bloody Town