Art Rock, Saint Brieuc (22) : 6, 7, 8 juin 2025

Lorsque j’ai annoncé fièrement je j’allais en Bretagne au festival Art Rock, les visages de mes interloctuteurs.trices se sont éclairés jusqu’à ce que je précise « à Saint Brieuc ». Quasiment personne n’était foutu de situer la cité briochine…

Pourtant, chaque année depuis 1983, le festival Art Rock anime à la Pentecôte la préfecture des Côtes d’Armor, en Bretagne NORD, donc. Et lorsqu’on voit la liste hallucinante des artistes accueillis pendant toutes ces années (de Sonic Youth à Blur Patti Smith ou encore Primal Scream ainsi que la crème de la scène française), on se dit qu’il serait temps que ce festival apparaisse en gros sur la carte !

ART Rock est un festival en Ville ce qui n’est pas si fréquent : Les deux parkings du centre accueillent les grosses scènes du in, tous les bars (et il y en a !) installent un comptoir extérieur et animent le off.

En arrivant, on est littéralement happé par l’ambiance : le centre-ville, qui, avouons-le, en temps ordinaire ne respire pas la fiesta, est en ébullition : 3 jours d’une frénésie de musiques et de bonne humeur. 80 000 personnes en 3 jours dans une ville de 40 000 habitants, ça ne passe pas inaperçu. Et la pluie du premier jour n’a semblé mouiller personne !

Et la programmation alors ? Familiale ET pointue, découvreuse ET consensuelle, il y en avait pour tous les goûts : De Solann à Oxmo Puccino, de de Yelle (la locale de l’étape, scénographie kraftwerkienne épatante) à Texas ( je ne savais pas que ça existait encore ce genre de groupe, mais gros succès), de Claude (incroyablement à l’aise avec le public qui a joué le jeu de sa chanson électro sportive) à Uzi Freija (un électro rap féminin sacrément efficace …et coquin !). Même la mécanique trop bien huilée de Franz Ferdinand a retrouvé un peu de spontanéité !

Les groupes locaux étaient aussi bien présents dans la programmation. Belle découverte que Ne Rangez Pas les Jardins accompagné par Bonjour Minuit, la SMAC briochine :  un trio folk rock poétique dont la chanteuse fait parfois penser à une Catherine Ribeiro…celte.

Et puis il y avait des débats de haute tenue (sur la radicalité ou la question écologique), Rock n’ Toques pour déguster pour pas cher des plats concoctés par des chefs, une belle expo sur le summer spleen dans le musée local ou encore une scène des musiciens du métro (ah bon ya le métro à St Brieuc ??) : big up à Cloudy Heads.

Trois énormes claques dans cette profusion de chouettes moments : le hollandais Jan Verstraeten et sa soul pop légèrement arty a conquis les cœurs : une idée par morceau, un violon et un violoncelle qui sonnent comme un orchestre symphonique. Ménades sont venus de Paris avec un psyché punk très très énergique emporté par une chanteuse sur ressorts. Gros coup de cœur ému pour le slam folk de la canadienne Goodbye Karell qui reprend l’ovni Daniel Johnston : lunaire.

Mais je suis resté scotché à l’insu de mon plein gré devant le show extraordinaire de l’immense Philippe Katerine arrivé tout nu barbu, puis en toge, comme les musicien(ne)s de son formidable groupe. J’ai été emporté par son spectacle poétique, loufoque, mais très en place : « Le meilleur concert du festival depuis 10 ans » nous dit la directrice, hilare en voyant une vingtaine de spectateurs déguisés en bananes envahir la scène, et faire des bisous au héros emballé dans un gros ballon rose ! Katerine rejoindra plus tard La Femme Sur scène pour chanter…une comptine !

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Et puis j’attendais fébrile le set de Cat Power, revisitant Bob Dylan ’66. Ce n’est pas donné à tout le monde de tenter l’exercice : d’abord en acoustique au bord des larmes, puis avec un groupe rejouant parfaitement les arrangements électriques d’époque du Band,  du grand art (rock) : un moment de grâce qui fit fondre même le bitume devant la scène !

Bref, cette édition devrait avoir permis de remettre Saint Brieuc sur la carte. Mais n’en parlez pas trop, quand même : on est bien entre nous…

 France Rock

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