
Motocultor 2025 – Chronique d’un samedi brûlant
Le Motocultor 2025 s’est achevé dans une fournaise : quatre jours à 35 degrés, et une programmation tout aussi brûlante.
Le deuxième plus grand festival métal de France a confirmé son statut, non pas en rivalisant avec le Hellfest, mais en l’épaulant. Là où Clisson joue la démesure, Carhaix cultive la passion brute, l’authenticité, l’esprit forain.
Des sourires partout, des bénévoles aux petits soins, des allées faciles d’accès, et surtout des scènes où se succèdent pointures et découvertes.
Machine Head, Trivium, Dimmu Borgir, Carpenter Brut, les Wampas, sans oublier la famille Cavalera avec le grand retour de Nailbomb bref,un plateau de rêve réparti sur quatre scènes et une jauge maîtrisée de 15 000 festivaliers par jour. Résultat : un record battu, +18 % par rapport à 2024, soit 62 500 entrées au total, avec un pic à 17 000 le dimanche.
De la sueur, de la poussière, des décibels et une envie commune de vivre le métal à fond.
En vacances dans le coin, je choisis le pass du samedi pour plonger dans ce chaudron bouillonnant. Chronique d’une journée où il n’y avait quasiment rien à jeter.
Skeletal Remains : le coup de massue
Après avoir pris la température du site, je me dirige vers la première scène qui tonne déjà. Skeletal Remains ouvre les hostilités avec un brutal death technique sans concession. Pas de fioritures les ricains ne sont pas venus pour vendre des cravates, à grands coups de double pédale, les riffs mitraillent façon rafale, rappelant les premiers Sepultura. Ça va vite, très vite. On se demande si les gendarmes du coin ne vont pas distribuer des PV pour excès de vitesse.
Poésie Zéro : anarchie sous chapiteau
À peine le temps de souffler, on change totalement d’univers. Poésie Zéro débarque et annonce la couleur : « Salut les vieilles charrues » arborant le drapeau palestinien.
En réalité, c’est un manifeste punk de provocation et d’autodérision. Entre humour noir et slogans grinçants, les boîtes à rythme claquent et la salle rit autant qu’elle pogote. Leur entrée est savoureuse : « les Vieilles Charrues de merde ! » balancent-ils au public du Motocultor. Anarchie, sabotage, incendie : tout y passe, dans une parodie maîtrisée qui force le respect.
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Parenthèse allemande brouillonne
Retour sur la Dave Mustage avec un groupe allemand Tenside, blindé de samples.
Le son saturé, trop chargé, peine à convaincre. La poussière et la chaleur me poussent à chercher refuge sous le chapiteau, attiré par un nom qui suscite beaucoup d’attente : Pelican.
Pelican : l’apesanteur dans la tempête
Là, c’est une autre histoire. Pelican, formation de Chicago, tisse ses paysages sonores instrumentaux entre post-hardcore et métal atmosphérique.
Pas de chant, mais une fresque sonore qui enveloppe la foule. Les musiciens, habités, vibrent avec le public conquis. Chaque note résonne dans le corps autant que dans l’âme. Un rare instant de grâce, où le temps semble suspendu.
Enforcer : le train express suédois
On ressort du cocon atmosphérique pour replonger dans le cuir et la sueur. Les Suédois d’Enforcer déboulent comme s’ils avaient un train à prendre pour Arvika.
Blonds, gainés de cuir, ils balancent un speed metal dopé à l’adrénaline, quelque part entre Venom et Europe sous coke.
Ça joue vite, très vite, avec un batteur qui martèle comme un damné. Une vraie leçon d’efficacité.
Jonas Wikstrand est incroyable son jeu de batterie est vraiment diversifié et technique.
Slope : le groove inattendu
La chaleur est accablante – 35 degrés en Bretagne, oui, ça existe. Une halte hydratation s’impose. Mais le répit est de courte durée : sur scène, Slope balance un rap metal old school qui détonne dans la programmation.
Les Allemands font le show, ressuscitant l’esprit Biohazard avec un groove féroce et une sincérité contagieuse. Le public, surpris, finit happé.
Enslaved : les ténèbres majestueuses
Retour au grand classique : Enslaved, monument norvégien du black metal. Sur disque, leur mélange de noirceur et de mélodie frappe fort. Sur scène, le rendu s’avère plus lent, plus pesant, flirtant parfois avec le doom.
Mais le son, impeccable, met en valeur des riffs abyssaux. La Dave Mustage n’a jamais sonné aussi juste.
Paleface Swiss : la hype confirmée
Dans les allées, les conversations enflent autour d’un nom : Paleface Swiss. Le deathcore helvète, qui aborde sans détour les maladies mentales dans ses textes, attire une foule compacte. Et sur scène, ils confirment. Puissance, sincérité, sueur : les Suisses mouillent le maillot et prouvent qu’ils sont prêts à conquérir le monde –Australie comprise, où leur tournée est déjà complète sur certaines dates chapeau les Suisses !
Un samedi brûlant, au propre comme au figuré. Brutalité sonore sans filet, dérision, envolées atmosphériques, hard rock survitaminé, groove inattendu et black metal abyssal : le Motocultor 2025 a montré toutes ses facettes.
Plus qu’un festival, c’est une immersion totale, une communion de passionnés où la poussière, la sueur et les cris se transforment en mémoire brûlante.
@pyofficiel