Frédéric Voirin est responsable de la programmation du Café de la Danse, l’une des salles de concert les plus en vue de Paris. Frédéric est intuitif et brillant, sa programmation est remarquable et remarquée. Passer au Café de la Danse est un vrai tremplin et les artistes se bousculent pour être à l’affiche. Frédéric est un homme de l’ombre et préfère parler des artistes qu’il a l’habitude de mettre en avant plutôt que de parler de lui. Rencontre avec un vrai passionné de musique.
Peux-tu nous présenter le Café de la Danse ?
Le Café de la Danse est une salle évènementielle et principalement de concerts depuis 25 ans, à Bastille au cœur de Paris. Sa capacité est d’environ 500 places. Auparavant, ce lieu était un studio de chorégraphe, d’où son nom.
Peux-tu nous présenter ton parcours ?
Je suis originaire de Belfort, et j’ai commencé à 18 ans comme bénévole au Festival les Eurockéennes de Belfort, puis j’ai fait plusieurs missions pour eux. J’ai terminé mes études à Berlin. A mon retour, j’ai travaillé à La Machine du Moulin Rouge, et peu de temps après j’ai passé un entretien pour travailler au Café de la Danse. Cela fait maintenant 5 ans que je suis responsable de la programmation.
Comment définirais-tu le style de la programmation du Café de la Danse ?
La programmation est éclectique, nous fonctionnons librement et au coup de cœur, sans barrières ni œillères.
Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer ton métier ?
Il faut beaucoup de patience ! (Rires) Il n’y a pas d’école de programmateur, ce poste s’apprend sur le terrain. Il faut bien sûr avoir un bon réseau, et surtout la passion. Je dirais qu’il faut être ému par ce que l’on programme.
Aimes-tu toujours ce que tu programmes ?
(La réponse fuse sans hésitation) Oui. Oui, oui. Je ne programme pas uniquement pour faire de l’argent, sinon notre programmation serait beaucoup moins pointue.
Qu’est-ce qui est le plus difficile dans ton job ?
La disponibilité. Les soirs, les weekends, sont souvent pris. Ce métier nécessite d’être toujours en alerte.
Ta journée-type ?
Après le réveil, et avant les concerts, la vérification des emails et des appels en absence, l’organisation du calendrier, la gestion des demandes logistiques, les relations avec les tourneurs et les managers.
Un souvenir marquant ?
Graham Coxon, le guitariste de Blur, m’a beaucoup marqué. Cet artiste capable de remplir des stades était très décontracté, abordable et humain, ce fut une belle rencontre. L’ambiance ce soir-là a été électrique et presque folle ! Il y a souvent beaucoup de lien qui se créé avec des artistes, qui viennent et qui reviennent quand ils ont grandi, ce qui est très gratifiant et touchant humainement.
Un mauvais souvenir ?
Non, pas de mauvais souvenir, même s’il est vrai qu’il faut gérer les (heureusement, très rares) aléas de la vie et notamment les annulations de dernière minute (soucis de santé, un groupe qui se sépare…).
De quoi es-tu le plus fier ?
D’être arrivé très jeune à être programmateur et d’avoir pu le rester. D’avoir régulièrement de bons retours du milieu professionnel ou du public. La plus belle récompense est de voir les sourires dans le public, et de sentir presque la ferveur dans la salle, c’est magique et galvanisant.
Es-tu toi-même musicien ?
J’ai fait 10 ans de batterie, et également de la musique électronique sur clavier.
A force de côtoyer au quotidien tous ces artistes, te font-ils toujours rêver ?
(Sans hésiter) Ah oui. Et heureusement ! Si j’étais blasé, j’arrêterais.
Comment gérer sa vie personnelle avec ce métier si prenant ? Doit-on être en couple avec un conjoint également passionné de musique ?
(Rires) Heureusement, ma compagne aime aussi la musique, et elle comprend tout à fait mes problématiques professionnelles. Je pense que c’est comme dans n’importe quel couple, les rythmes de vie doivent être cohérents. La patience est nécessaire, ainsi que la souplesse.
Quel(s) artiste(s) voir ces prochaines semaines au Café ?
Courant juin il y aura notamment : le guitariste touareg Bombino, un phénomène incroyable, ou encore la chanteuse Izzy Bizu, une très belle voix pop soul, qui nous vient de Londres, ou encore Pégase, un groupe pop-rock nantais, pour moi parmi les meilleurs français du moment. Et puis à la rentrée nous devrions avoir une belle programmation avec des exclusivités.
Pascale Baussant, en mode interview-découverte pour Songazine
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