
Il y a des artistes qui ne se pressent pas, qui laissent le temps sculpter leurs mots et affiner leurs mélodies avant de s’élancer.
Fil fait partie de ceux-là.
Derrière ce nom simple, limpide et fragile comme un fil tendu entre deux rives, se cache un musicien à l’univers dense, sensible et profondément humain.
Longtemps compagnon de route du groupe la Tordue, puis voyageur musical aux côtés de Loïc Lantoine, Éric Philippon dit « Fil » a pris le temps de se trouver. Aujourd’hui, avec J’aime, il livre enfin un premier album en son nom, véritable autoportrait en chansons.
J’aime n’est pas seulement un recueil de morceaux : c’est une traversée intérieure, un carnet de route poétique. On y croise le clair et l’obscur, la légèreté et la gravité, les cicatrices du passé et les désirs d’avenir. Ses mots disent les choses de travers, les manques, les pleins et les vides, avec une justesse désarmante.
Il y a du deuil (le bouleversant Mémé), des interrogations existentielles (Toujours), des jeux de langue savoureux (Comment dire) bref il y a du contenu!
Et puis il y a aussi le silence, les respirations, ces instrumentaux rêveurs qui installent une atmosphère singulière, paysage sonore désertique
Musicalement, Fil navigue entre chanson néo-réaliste et post-rock contemplatif, sculptant ses textes sur des guitares électriques tantôt mutines, tantôt méditatives.
La guitare avec cette légère reverb ou delay, tremble comme dans un désert américain, on s’arreterait prendre un kawa filtre dans ce « BAGDAD CAFE » un décor vide de sens qui résonne pourtant bien à l’oreille
On pense à Tortoise ou à Kat Onoma, dans cette manière de marier verve et intériorité, énergie brute et poésie.
Alors parfois le son de guitare ressemble à « Sunset Lover » de PETIT BISCUIT, c’est de l’electro… ok … rien à voir je sais mais les atmosphères lorgnent parfois dans cet univers, et je dis qu’est ce que je veux!
Des trompettes, violons et autres instruments viennent parfois élargir l’espace sonore, donnant à l’ensemble une ampleur cinématographique, une parfaite symbiose sonore avec une bande son pour un Wim Wenders
Mais ce qui frappe surtout, c’est la sincérité ou authenticité, c’est aussi ça le parcours en solo après une vie dédiée au groupe, s’aventurer en liberté sans garde fou.
J’aime est un titre-programme : l’album est un acte d’ouverture, une invitation à partager un monde où la fragilité devient force, où l’intime trouve un écho universel. Fil ne cherche pas à séduire par effet, mais à toucher, simplement, directement, avec une voix généreuse qui parle à l’ami, au frère, à l’inconnu.
Au final, cet album ressemble à une main tendue : pudique mais ferme, douce mais tenace. J’aime est le fruit d’un long chemin, et c’est sans doute pour cela qu’il résonne avec une telle intensité.
Il ne s’écoute pas seulement, il s’éprouve.
Sortie le 31 octobre 2025 : une date à retenir pour découvrir un artiste rare, qui choisit le cœur plutôt que le bruit.
@pyofficiel