On l’a surnomméoh Johnny Rotten, parce qu’il avait les dents vertes, abîmées, celles d’un petit gars de Londres d’origine irlandaise et modeste, lutin pâle, supporter d’Arsenal qui se démenait pour exister. Une méningite terrible a remis son cerveau à zéro quand il avait 7 ans, il a fallu qu’il réapprenne tout et reparte fort sur les sentiers arides d’une enfance peu commode. Depuis il ne s’est jamais assagi.
Il a bondi sur l’occasion d’entrer dans la légende, chanteur des Sex Pistols, parolier original et provocateur, fou de dégaines inédites et de poses fumantes. Choc nucléaire qui nous irradie encore.
Il a aussi mené avec maestria le navire Public Image Limited sur toutes les mers, sorti de grands disques, écrit la non-chanson d’amour du siècle.
Ce type que beaucoup admirent et bien plus encore adorent haïr, c’est John Lydon, et il possède un cœur énorme, une sensibilité à fleur de peau et un humanisme remarquable. Fils fidèle et aimant, ami en or, frère solidaire, amant d’une seule femme adorée, il abhorre les religions avec rage mais se rapproche certainement plus du saint que du diable !
J’ai dévoré les 500 pages de sa grande explication un peu foutraque avec joie, découvrant un bonhomme qui a bourlingué, aimé, souffert, argumenté, déconné, rouspété. Au fil des chapitres, il nous révèle les coulisses amusantes ou sordides de l’explosion punk-la vraie-, du show business ou de la télévision. Cela vaut la visite.
Il balance, clarifie, bonifie et dézingue, rétablit des vérités, donne son point de vue acide et c’est toujours un avis intéressant. Malcolm Mc Laren ou Keith Levene ont désormais du larsen dans les oreilles à vie. Well done. On peut ne pas être d’accord (il n’aime pas les Clash, là je ne le suis pas), on peut rire ou douter, mais on aura entendu sa voix nette comme un coup de caisse claire.
J’aime le rock et ses grandes histoires, ici j’ai été servi. De plus, il éclaire finement le contexte d’enregistrement de ses disques de façon pointue et illustrative, paroles et musique. On meurt d’envie de tout réécouter et d’aller le voir en concert.
Ce qui ressort du livre est une personnalité attachante, unique et marquante. John Lydon a beaucoup voyagé, vécu à Londres, Kingston, New York et Los Angeles, tourné en concert partout sur cette planète folle.
Le gamin est devenu un globe-trotter et une sacrée référence.
John Lydon, tu es mon ami, honnête homme mû par ta colère qui se transforme en énergie, observant la comédie humaine, déguisé en bouffon mais désormais pourvu de la sagesse d’un roi.
Jérôme « on a submarine mission »V.