Dans un studio d’enregistrement, Boulogne-Billancourt…
Roland, Antoine, Loic et Camille forment le quatuor de Why Mud. En avril, ils ont sorti leur album concept Adam & Joe. L’œuvre s’est révélée être l’un des nombreux coups de cœur de Songazine.
L’histoire commence, il y a cinq ans, lorsque Roland, le guitariste, est parti en voyage en Australie. A son retour, sa tête était remplie d’idées : « j’ai eu l’inspiration de monter ce concept-album, là-bas. Je suis revenu de ce périple avec le but de fonder un groupe pour créer Adam & Joe. Je connaissais déjà Camille et Antoine depuis le lycée. Puis Loïc, séduit par le projet, nous a rejoints. » Why Mud est une jeune formation qui se dégage des autres, Roland explique : « Nous sommes différents de ceux qui commencent. Quand tu démarres tu as l’habitude de jouer souvent des reprises et d’organiser des bœufs. Mais, nous, dès qu’on s’est formés nous avions déjà un objectif. » Antoine, le deuxième guitariste, nuance : « Nous étions retombés, quand même, au niveau d’un groupe qui débute. Nous avions notre but à atteindre, mais il fallait trouver une cohérence, un son entre nous. » Les deux ans passés ensemble, leur a donné le temps de mieux se connaître, de trouver leur son, mais aussi leur entité.
Dans les quinze morceaux d’Adam & Joe, Inside Is Out était la première création. Roland : « Elle est née dans ma chambre à Sydney. Pour la petite histoire, j’ai une façon bizarre de régler ma guitare. Mi, la, sol, si mi, est un accordage basique. Là, je ne sais toujours pas pourquoi, je l’ai mise en ré, la, ré dièse, sol, la, ré. Ce qui donne un accord dégueulasse. Depuis, je joue presque de cette manière et je l’ai même imposée à Antoine et Loïc,» plaisante-t-il. Antoine signale : « Si les gars veulent faire la tablature de nos morceaux, c’est mort ! » Inside Is Out est la mère de tous les autres titres : « Cet accord bancal a coloré tous nos sons. Et, j’ai vraiment tripé à travers cette chanson. Dans celle-ci, il existe toutes les combinaisons possibles avec celui que j’ai arrangé. »
Roland nous raconte les origines des deux frères : « J’avais déjà les grands prémices de l’histoire. Elle s’est vraiment écrite avec les chansons. A la base, je n’ai pas composé les paroles en voulant raconter quelque chose. Mais, les lignes ont pris sens juste après. Dans Inside Is Out, les phrases ne veulent rien dire, mais si tu vas plus loin, je développe l’idée de la folie et la perte de contrôle. » Camille, le batteur, ajoute : « tu te retrouves dans la tête du personnage principal. » Dans les morceaux, on retrouve une forme de dialogue : « tu le remarques plus dans Eager to Burn. Tu as trois voix, une grave pour Joe, une aigue pour Adam et une gueulée pour le père. » 
Le guitariste nous résume l’intrigue et ce combat intérieur entre l’âme et l’esprit : « Joe, le grand frère, accuse Adam de la mort de leur mère. C’est très Ying-Yang. Avec cette histoire un peu complexe, j’avais envie de garder l’idée maitresse, presque ancestrale, de la dualité de l’homme. L’âme et l’esprit sont toujours en opposition, donnant un déséquilibre ou un équilibre au corps. La conclusion de l’album est pourquoi le père est devenu fou, alcoolique, parce que ses enfants sont déstabilisés. » Loïc le bassiste : « En Australie, Roland a développé un imaginaire autour des grands espaces que tu retrouves dans la pochette de l’album. »
Fugue était la dernière composée dans Adam & Joe, Roland : « Elle est le moment où Joe s’en va en bateau. Tu le sais par le bruit des vagues. Dans chaque chanson, tu as des éléments sonores, qui te permettent de vraiment t’immerger dans l’histoire. Cet effet est produit avec une caisse claire et des balais. »
Entracte. Roland part à la recherche de bières pour continuer la discussion. Il se fait soif ! Songazine profite pour parler avec les autres membres de leur participation. Le bassiste commence : « On n’a pas vraiment participé à l’écriture… » Puis, il est coupé par le second guitariste : « « Oui, nous avons construit nos arrangements autour de la guitare/voix de Roland. 
Chacun a mi son instrument autour de ce noyau. Sauf pour Eager to Burn, le riff d’Adam’s Fall ou c’est Loic, Somebody Do Something, un autre riff joué par Roland et moi. Tu avais les fondations d’une maison et nous étions les finitions.»
L’enregistrement d’Adam & Joe s’est effectué entre Boulogne-Billancourt et un château ou « une grosse maison » dans le Maine et Loire. Toutes les conditions étaient excellentes pour réaliser Adam & Joe. Après une dure journée de labeur, ils avaient le Titty Twister (les vrais reconnaîtront), un bar/discothèque improvisé. Roland se souvient : « nous sommes partis avec vingt potes, à cinq voitures et tout le matos pour jouer. Dans le lot, il y avait trois amis ingénieurs du son. Nous étions dans deux énormes pièces. L’une officiant comme studio et l’autre pour la régie. On se levait le matin, entre guillemet, pour jouer sans s’arrêter. C’était un pur bonheur, de faire des jams avec tous nos potes. On a eu plein de chutes qui ne sont pas dans l’album ». Antoine lance une remarque amusante : « « il ne faut pas nous comparer avec les Rolling Stones. On n’a pas fui le fisc.»
La plupart des chansons ont des petits souvenirs de sessions et de la bonne ambiance de ce séjour. Loïc, le bassiste : « L’anecdote de The Core est que tu avais un micro dans un escalier pour faire la reverb’ de la batterie. A un moment, tu peux entendre l’enregistrement d’une fête à l’étage. » Tout ce monde autour des gars de Why Mud ont participé aux chœurs de Clear et d’Adam’s Fall. En résumé de cette expérience, Roland a la citation : « Que du bonheur ! »
Après une longue interview qui s’est avérée excellente dans le contenu et agréable dans la discussion. Les Why Mud ont un dernier mot à partager : « Baguettes ! »
Thomas Monot
En concert : le 25 juin au Supersonic et le lendemain au Bateau Music Festival, Les Mesnuls (78).
Bonus lien :
Inside Is Out
