A l’heure où ça chauffe atrocement du côté de Gaza et sa bande, en mode ping-pong de l’horreur, sans oublier Kiev sur Kharkhiv, Niamey et Kaboul, comme tous les « théâtres d’opérations militaires » de cette planète qui part en cacahuète au glyphosate (NB : « théâtre d’opération militaire », hmmm quelle jolie expression pour qualifier des champs de ruines sanglants où meurent surtout beaucoup de civils mais permettant d’écouler de forts grassouillets stocks de munitions), bref à l’heure de gloire de Mars, dieu de la guerre… il est grand temps d’écouter de la musique glaciale. Oui, glaciale.

Vox Low, ce sont quatre musiciens et un ingénieur du son, tous français qui assurent grave grave du côté de la cold wave. Rien de moins. Ils ont déjà sorti un album et des tas de singles, plus des remixes dans tous les sens que j’avoue honteusement avoir fait télécharger intégralement par mon fils cadet depuis une plateforme chelou où tout est écrit en cyrillique. Pardon, Vox Low !

Devenu fan et pour me faire pardonner, j’écris donc un post laudatif et sincère en bonne et due forme, après avoir reçu en toute légalité les fichiers de l’album Keep On Falling de la part de leur honorable et honoré label Born Bad. Il s’avère que je n’ai nul besoin de me forcer pour adorer sans retard cet album 200% frigorifié, congelé et empli d’une morgue hautaine, mais salutaire, en ces temps d’autotune et surtout d’autosatisfaction.

Bim ! J’y vais franco de mon compliment en tant que lettré des 80’s, expert curiste certifié et joy commissaire divisionnaire, décoré de l’ordre du Bauhaus et chevalier de la confrérie siouxsiesque : c’est du lourd dans l’genre les amis, le perfect level, avec des relents de DAF et des accents Fad Gadget tout en gardant leur ton particulier, soit un fumet épicé et aride, le tout bien spécifique et reconnaissable. De la basse lancinante, des accords tragiques, une voix morne et décidée à en finir, une rythmique aussi raide qu’un pendu à Téhéran et un synthé en nappes zézéyantes qui a 41.3 degrés de fièvre. Un délice surgelé à croquer entre les tympans, pour mieux garder les yeux secs en regardant les fokin’ news sans le son. Une musique pour danser tout seul en fêtant son licenciement ou la disparition des abeilles, au ralenti et la bouteille de gin à la main. J’ose à peine leur dire merci, mais c’est trop bon.

Un peu comme rentrer dans une pièce avec la clim’ alors que dehors même le rapport du GIEC a sous-estimé la fournaise ambiante. Aaaaah.

Jérôme « expert curiste certifié et joy commissaire divisionnaire » V.

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