Il y a un peu plus de 4 ans déjà que disparaissait Walter Becker, légendaire guitariste fondateur du groupe Steely Dan, lancé au début des seventies avec son acolyte et alter ego Donald Fagen au chant et claviers. Groupe au départ, mais priant aux autres membres du groupe d’aller « acheter leur cocaïne ailleurs », ils deviennent un véritable duo -inséparables et complémentaires-, favorisant le talent et le professionnalisme à l’artificiel et au marketing.

Steely Dan c’est avant tout un duo de compositeurs hors normes, naviguant sur des genres allant du rock au jazz, du blues au rhythm and blues, mais avec comme fil directeur un groove inimitable et unique dans l’histoire de la pop music, maniant l’humour et l’ironie dans des textes iconoclastes à l’image du nom du groupe, nom d’un godemichet en caoutchouc tiré du roman « Le festin nu » de William Burroughs.

Des albums devenu cultes comme le disque Aja » sorti en 1977 après « The Royal Scam » en 1976, incontournables LP et devenus des références majeures en matière de production, les deux compères étant d’une exigence absolue et inégalable, enregistrant jusqu’à la perfection avec les meilleurs musiciens de studio de l’époque (Jeff Porcaro du groupe Toto, Michael McDonald ex Doobie Brothers entre autres) et rejoignant le groupe pour leurs tournées, le guitariste, Larry Carlton.

Le son irréprochable, les arrangements, les voix, les percussions, font de ce disque le support indispensable pour toute personne désirant tester sa chaine hi-fi dernier cri et le son stéréo et oui c’était une autre époque !

Un album plus tard et quelques années de séparation où chacun va entamer une carrière en solo (Donald Fagen avec le fantastique album « The Nightfly » paru en 1982 et Walter Becker se muant en producteur principalement), ils se retrouvent pour entamer une seconde et néanmoins prolifique carrière puis des tournées, avec l’album « Two against nature » en 2000, glanant récompenses, Grammy award, meilleur duo, au nez et à la barbe de musiciens de renom, comme Radiohead ou Eminem.

Steely Dan, ce sont des multitudes de standards comme « Peg » « Deacon blues » Rikki don’t lose that number » « Kid Charlemagne » « Josie » « Black Friday » ou « Pretzel logic », des morceaux incontournables des bandes FM, accompagnant de longues chevauchées sur le bitume des routes américaines, à la poursuite du rêve Californien, avec un avant-gout de paradis baigné de mélodies pop jazzy.

Steely Dan continue aujourd’hui sa route, amputé d’un de ses membres mais sa musique intemporelle berce et rythme nos âmes, symbole de musiciens qualifiés d’anti-héros, dont le succès et la notoriété n’ont jamais entaché leur attachement à leurs racines musicales.

Donald Fagen, parlant de son compère, Walter Becker, après sa mort, disait « qu’il était mon ami, mon partenaire d’écriture et de groupe depuis notre première rencontre de lycéens en 1967. Il avait l’esprit acéré, il était un excellent guitariste et un grand songwriter. Il n’avait aucun espoir en la nature humaine, y compris la sienne, et il était drôle à se damner. »

Quel meilleur hommage que de se damner en les écoutant à travers plusieurs décennies de musique groovant à travers l’espace et le temps et quel meilleur approche que d’écouter ce mini concert, florilège de quelques-uns de leurs plus grands succès et témoin, à travers quelques échanges avec le public, de leur sens de l’humour et de la dérision car les grands artistes ne se prennent jamais vraiment au sérieux et ne meurent jamais.

Thierry B.

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