« I love you Siouxsie » murmure Shirley Manson de Garbage à la fin de leur brillante reprise de Cities in Dust, grand titre de Siouxsie and the Banshees…
Elle n’est pas la seule, et nous sommes heureux de vous dire que cette artiste mythique reprend du service en démarrant une toute nouvelle tournée dont la première date fut le 3 mai, à Bruxelles, dans la salle de l’Ancienne Belgique.
Philippe Carly y était et nous publions son live report ci-après ;
***
Les questions sont sur toutes les lèvres ce matin :
« Alors, c’était bien hier ? »
« Comment tu as trouvé ? »
Je me rends compte avec ces deux questions que pour mon cercle étendu d’amis, l’événement était bicéphale : Siouxsie revenant sur scène après une dizaine d’années d’absence et moi la revoyant live après 13525 jours.
J’ai bien failli ne pas y aller : d’abord je n’avais pas de ticket, mes anciens contacts n’avaient pas fonctionné. Un ami – il se reconnaîtra – s’est dit qu’il était impensable que je ne sois pas à ce concert, m’a offert sa place qu’il avait lui-même reçu en en cadeau !!! … (heureusement, il a pu s’en procurer en autre et assister aussi au concert #happyend). Ensuite, restait le problème de l’accréditation pour les photos. J’avais contacté le manager de Siouxsie dès l’annonce du concert, mais j’étais sans réponse depuis.
La veille du concert, il me demande si je serais d’accord de signer un contrat. En gros a) toutes les photos doivent être approuvées b) propriété partagée des dites photos approuvées. Je préfère refuser et assumer le crève-cœur que cela représente. Normalement je ne serais même pas venu, mais cela aurait été manquer de décence vis-à-vis du cadeau fait par mon ami.
Je m’attendais donc à la possibilité d’une déception. D’autant que j’ai souvent pu constater par le passé que les concerts Siouxsie n’était jamais aussi bons que face à un public difficile.
Le concert ayant été sold out en 20 minutes, il était évident que ce public ci serait conquis d’avance.
Mais il n’en fut rien. C’était un très bon concert malgré un retard important.
La voix de Siouxsie était au top, elle n’a rien perdu de cette façon si particulière et unique de chanter. Et je dirais même qu’elle avait gagné en maîtrise et en stabilité.
Le light show était le meilleur qu’il m’ait été donné de voir depuis bien des années.
Tirant parti du beau volume de la salle, il appliquait des recettes pourtant simples : deux poursuites placées en hauteur qui éclairaient Siouxsie sans interférer avec la partie arrière de la scène où se déclinaient les ambiance lumières et les projections (majoritairement sur le thème de la ballerine et celui d’ondines subaquatiques évoquant immanquablement la pochette de The Scream).
Beaucoup de morceaux des Banshees, et beaucoup d’absents aussi. En y pensant, on découvre – presque avec stupeur – le nombre de morceaux incontournables qu’ils ont créés. Il y a de quoi faire un concert d’au moins trois heures.
Siouxsie a intelligemment réinventé sa chorégraphie pour s’adapter à son – « notre » devrais-je dire – âge. Tous les marqueurs de sa gestuelle unique sont présents mais dans une déclinaison « light » Même si elle a prouvé qu’elle était encore capable de lever la jambe pour quelques kicks bien envoyés.
Les bémols, pour moi qui ai beaucoup vu les Banshees :
1) tout était un peu rond, doux, soft : Siouxsie a remplacé « F*** you » par « Thank you », au propre comme au figuré. Plus beaucoup de traces du punk initial.
2) c’était un concert de Siouxsie… without The Banshees. Pas de flamboyant Steve à la basse couvant Sioux de regard pour mieux la suivre, pas de Budgie martelant comme un damné, pas de John ciselant dans l’ombre. Rien que des bons musiciens, « faisant le job » mais interprétant les morceaux de bravoure créés par d’autres.
3) et très personnellement je n’ai pas ressenti les émotions que m’ont donné les nombreux concerts des Banshees auxquels j’ai assisté.
Mais c’était chouette de la voir en forme, pour une belle prestation et de réentendre en live, de sa bouche, de fantastique morceaux. Mention spéciale – IMHO, cat lover comme Siouxsie – pour « Face to Face ».
Putain, mais qu’est je j’aurais adoré prendre des photos…
(« T’avais qu’à signer ce contrat, imbécile » – La voix de la raison)
Philippe Carly
***
Quelques mots sur Philippe !
Photographe belge de grand talent, il a été dans les années 80, puis longtemps encore, précisèment là où il fallait être pour capturer des images fabuleuses de groupes extraordinaires. Témoin au premier rang de concerts, de moments rares, Philippe les a capturés et a constitué une banque d’images précieuses.
Son livre « Au Plan K » demeure un témoignage brillant et émouvant qui nous redonne à voir Ian Curtis, Joy Division et la plupart des groupes « mythiques » pour ceux qui ont vibré pour la new wave.
Enorme fan de Debbie Harry comme de Siouxsie, il a aussi publié 2 livres de photographies superbes de ces femmes pionnières et puissantes, inspirées et inspirantes.
Nous vous recommandons d’aller voir son site et d’acheter ou d’offrir ces livres, riches et beaux !
Jérôme « spellbound » V.