Au loin… les cieux déchaînent leur colère, ivres d’un torrent de larmes dont le vent hurle la symphonie. Confinée au sein de ce doux cocon urbain qui est le mien, j’observe, du haut de ma tour, le monde qui, plus bas, se démène emporté bien malgré lui par cette sonate H2O à la diluvienne folie.
Une note. Foudroyante. Elle ébrèche la morosité lascive d’une rythmique oppressante. L’incipit d’une mélodie à la douce et entêtante flamboyance. Sans Cesse Et Sans Bruit… étendard éponyme d’un EP en instance de chronique. Guillaume Stankiewicz et moi venons de faire connaissance.
L’envie légitime d’en apprendre davantage s’impose alors. Une jeunesse bercée par des sonorités folk à la sensibilité riche et puissante (Neil Young, Townes Van Zandt, Will oldham…), la découverte tardive d’une pop à la pétillante synergie (Mc Carthney, Wilson…), une immersion scénique parisienne à l’expérience multiple (l’International, le Petit Bain, le Café de la Cigale, les Trois Baudets…).
2014 voit la naissance d’un premier EP, Guillaume Stankiewicz, à l’effervescente et mélancolique intimité, estampillé de surcroît d’une sélection en 2015 pour le prix Georges Moustaki. Un EP produit en totale autarcie et empreint de jolies surprises (Qui d’autre, Disparition, C’était vous, Familiers…). L’auteur-compositeur-interprète appose ainsi une première signature sur le devant de la scène indépendante française.
Tonalités folk et soupçon pop embrasent un lyrisme textuel à l’idéologie esthétique et romantique. Une alchimie ancrée dans les méandres d’une verve moliéresque noble et poétique.
C’est avec l’aide, entre autres, du label artisanal indépendant Microcultures, intégrant dans son fonctionnement le Crowdfunding (principe participatif), que le jeune artiste finance en 2015 un second opus, œuvre à la poésie finement ciselée : Sans Cesse Et Sans Bruit.
Dès la première écoute, l’élégance et la suavité liées à la musicalité des titres nous entraînent dans une sphère emplie de cette beauté fragile et onirique qui devient dès lors intemporelle et nostalgique. Une beauté magnifiée par le grain de voix clair et envoutant de Guillaume Stankiewicz.
Sans Cesse Et Sans Bruit, à l’évanescence pop, exotique et solaire ouvre le prélude, semblable à une ritournelle… entêtante et punchy. L’obscurité à la sombre sensualité et au rythme langoureux offre cette part de séduction propre au magnétisme. Intermède à la mélancolique sonorité folk, San Francesco Del Deserto souffle le temps d’un instant son évidente évasion. Le Temps Que J’avais s’invite telle une valse mélodique, aérienne, délicate et lumineuse. Présent sur les deux EP… C’était Vous, Familiers… murmure de l’âme à l’hypnotique et bouleversante folk ascendance. Postlude de ce mini album, L’Hiver, comptine subtile et éthérée, clôt avec raffinement cette pépite musicale.
A l’instar des chanteurs folk anglo-saxons (je ne peux m’empêcher de le comparer au troubadour irlandais Glen Hansard) ou de l’artiste français Dominique A (source d’inspiration artistique), Guillaume Stankiewicz réussit, non sans talent, à illuminer ses compositions d’une émotion à la volupté à la fois intimiste et touchante.
Sans Cesse Et Sans Bruit est, sans conteste, l’un de mes coups de cœur en cette nouvelle année 2016. Et… le hasard faisant bien les choses, ce petit bijou distribué par Differ-ant sort le 8 avril, donc incessamment sous peu. L’occasion pour vous d’y prêter une oreille plus attentive !
Bonne écoute !
Ah ! Et si vous êtes avides de bonnes surprises, allez jeter un œil sur la compilation Retiens la nuit made in La Souterraine. Guillaume Stankiewicz s’y est approprié, avec brio, le tubesque Magnolia For Ever de Claude François. Un bel aparté ! Oh… et puis… Ecoutez donc par ici !
Chantal Goncalves
http://souterraine.biz/track/magnolia-for-ever