Ce monsieur cabossé de 72 ans a été un fin missile de la new wave avec The Only Ones, a connu beaucoup de bas, quelques hauts et des retours mais ce n‘est pas de cela dont on veut fiévreusement vous parler aujourd’hui.
Point besoin de connaître son histoire pleine de cahots, de se la jouer érudit du rock et de vous lister les excellents musiciens qui l’ont accompagné pour ce double album intitulé The Cleansing (20 chansons, quand même !), là tout de suite j’ai envie de vous dire que c’est un des disques qui m’aura marqué en 2024.
Ouch, des chansons à l’acide sulfurique au niveau des paroles, dans un anglais chirurgical et touchant, sans fioritures et clairs comme un dernier verre de mezcal à 3 heures du matin.
Prenez « Disinfectant » qui parle d’amours déchirées et de cauchemars répétitifs, c’est une claque à rythme trépidant qui vous hantera longtemps.
Que dire de « I wanna go with dignity » avec ce clip où il ressemble au Commandeur d’outre-tombe qui vient saisir Don Juan et où la mort prochaine qui nous guette tous est bravée les yeux dans les yeux.
Rien ne lui échappe, il déchire tout, partout en mode 200% lucide et sans concession : l’art (« Art is a disease » LOL), l’amour, la religion, la jeunesse, l’intégrisme (grande chanson : Secret Taliban Wife), bim pour les hommes, paf pour les femmes, et j’en oublie. Il a des envies de meurtres, de rage et de chagrin, de confessions en de larmes chaudes, tout en gardant un esprit Crystal Clear au-dessus de tout ce naufrage.
Son anglais est articulé, limpide, parfait, donc idéal pour apprendre correctement la poésie sombre dans la langue de Robert Smith ou Nick Cave, mais bon… ooops à ne surtout pas conseiller à des collégiens dépressifs, sous peine de voir les rangs de la classe se clairsemer et les parents d’élèves prendre un abonnement groupé à SOS détresse amitié !
Résumons : si vous aimez le noir, la désolation élégante, le sourire du condamné, les cimetières au printemps et les tableaux de Soulages… vous adorerez The Cleansing, qui fait place nette et laissera des traces dans votre âme.
Jérôme « dark entries » V.