La couverture de l'album Nothing Is Still

Après des festivals, des clubs et un EP, Leon Vynehall sort le grand jeu, et se livre sans fard dans un premier album prévu pour le 15 juin. Ce DJ anglais aux accents d’Aphex Twin nous offre une véritable biographie musicale qui retrace l’histoire de ses grands-parents, accompagnée par un roman en chair et en encre. Et aujourd’hui, grâce au label Ninja Tune – qui vaut bien le coup d’œil, soit dit en passant – je peux vous en faire, en avant-première, une description à ma façon :

On ouvre le bal avec From The Sea / It Looms, qui annonce tout de suite la couleur : uniquement par des sons, Vynehall téléporte immédiatement celui qui l’écoute dans un univers merveilleux. Celui du siècle dernier, quand on traversait l’Atlantique pour y chercher fortune. Ici, la note seule suffit à stimuler nos cinq sens :  on voit l’océan, on sent la brise marine, on a des papillons dans le ventre.

Cette entrée en beauté dans ce conte de fées des temps (pas si) modernes se poursuit avec le morceau Movements, aux délicieux accents jazzy : soupirs, séduction, saxophone, Leon Vynehall est au mix ce que Beethoven est au piano. On enchaîne ensuite avec les deux footnotes (sic) Birds On The Tarmac et Julia : ces interludes sont là pour nous guider autant que pour nous perdre parmi les voluptueux méandres de l’album.

Le ton change sur Drinking It In Again et Troubles – Parts I, II, & III : l’auditeur entre dans une forêt pleine d’esprits farouches et de bruits sauvages, qui se transforme en ville étouffante, presque hostile. On perçoit les ombres cachées derrière les lampadaires du soir, la peur au ventre qui grimpe comme un parasite, et on crève d’envie de connaître la suite. Et d’un coup : Envelopes. On marche dans cette même ville qui n’est plus tout à fait terrifiante. Il pleut, c’est le matin, tôt quand les insomniaques s’endorment et les oiseaux se réveillent.

Puis, on découvre la nuit sur English Oak. Dans ce morceau, clin d’œil au talent indéniable de l’artiste pour les dancefloors endiablés, tout va plus vite. Les sons sont calculés au millimètre près pour nous faire vibrer, on se sent dodeliner de la tête, le verre à la main, puis on s’endort à moitié sous la lumière tremblante. Enfin, l’album se clôt tout en douceur sur le duo hypnotico-mélancolique entre Ice Cream et It Breaks : le conte de fées se termine dans un ultime retour au réel.

Donner le mot de la fin m’est impossible tant cette histoire m’a émue. Ami lecteur, je t’encourage à te laisser tenter par Nothing Is Still. Néanmoins, avant le grand plongeon, une mise en garde s’impose : l’âme de poète qui réside en chacun n’en sortira pas indemne.

 

Aude

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