Christophe Deniau écrit sa passion pour la culture pop rock dans plusieurs opus dont une biographie de Daniel Darc notamment, (Daniel Darc, une vie fulgurante, Camion Blanc, 2013). En 17 parties de cette biographie, on suit à l’œil et à l’oreille l’existence de Nick Cave, « l’intranquille » tout en lisant l’essence de l’existence qui a nourrit sa musique et ses écrits. L’œuvre polymorphe et prolifique de Nick Cave c’est plus de vingt albums, neuf livres (les romans Et L’âne vit l’ange, Le Serpent à Plumes, et La Mort de Bunny Munro, Flammarion) scénarios et musiques de film (Si Loin, si proche, et Les Ailes du Désir de Wim Wenders) en quarante années. 

Australien de naissance, né en 1957, Nick Cave est un artiste protéiforme, auteur, compositeur, musicien, interprète, poète, écrivain, scénariste et aussi critique. C.Deniau propose de saisir le Nick Cave à l’œuvre derrière son parcours artistique et comment son expérience de vie a modelé sa carrière.

Très jeune, Nick Cave se prend d’amour admiration pour les thèmes des vers chantés dans Songs of Love and Hate de Leonard Cohen (1971) la religion, la passion, la sexualité, la complexité des relations amoureuses. Développant leur propre style les groupes australiens émergent dans les années 1970 contexte de formation du pemier groupe de Nick Cave, The Boys Next Door avec un son pre-punk plein d’inexpérience et légèreté en 1974 avec pour répertoire des reprises et des fiascos pour concerts.

A cette époque David Bowie impose les codes y compris vestimentaires. Le groupe compose avec les drogues et l’alcool leur premier concert 1977 finit en baguarre. Nick Cavec  pourtant offre aux regards un magnétisme hyperactif et une aura dansante en scène. Il est si dur de conquérir l’attention du conservatisme major de Melbourne si bien qu’ils se mettent à préparer leurs performances et rompent avec l’improvisation.

 

Il est détenteur d’une carrière tenue loin des effets de mode ou conventions commerciales dans l’industrie musicale. Après des études d’arts, et avoir tout laissé pour la musique, il a reçu un doctorat honorifique de l’Etat de Victoria en Australie et les titres de Docteur ès Lettres de l’unversité des Arts de Dundee en Ecosse et de Brighton en Angleterre. 

Sur les traces de The Saints (premier vrai groupe rock reconnu hors sol australien) le groupe de Nick Cave fuit jalousie et rivalité vers l’Angleterre et il adopte en 1980 le nouveau nom The Birthday Party pour son groupe. L’acclimatation et l’installation se font difficiles à Londres avec « le choc culturel (…) de la scène locale » sans emploi et peu de ressources. Les membres du groupe se laissent vivre à l’errance et à l’alcool. En décalage, ils ne sont pas pris au sérieux et de plus le punk rock est supplanté par la synthé pop du moment. 

Nick Cave admire Ian Curtis de Joy Division. Le punk (The Clash) est devenu banal et le post-punk britannique (Joy Division et Siouxsie and the Banshees) est pavé d’une succession de modes ska, new wave (The Cure), néo romantique, rockabilly, néo-jazzy, blitz et do-it-yourself 

En formation parallèle tendue dans Nick Cave and The Cavemen en 1984, il reprend  »In the Ghetto » d’Elvis Presley. L’amour le stabilise pour un temps et Nick Cave s’isole de plus en plus dans l’écriture de scénario ou de paroles ou roman. 

1985, sous le nom de Nick Cave & The Bad Seeds ils tournent en Europe, Australie, Japon et Etats-Unis avant de travailler un disque en studio. Il se plonge dans l’écriture pour fuir le quotidien et vivre dans sa bulle à l’aide de speed à Berlin. Nick Cave fait souvent plus l’objet des critiques avec ses excès toxicomaniaques plus qu’avec son art mais le cinéaste allemand Wim Wenders le rapproche du monde du cinéma et filme le groupe en 1987 dans  »The Carny » et   »From Her to Eternity ». Prises de vues de concert. Nick Cave acteur à fleur de peau sous effet des drogues est plus vrai que nature en rôle de détenu.

Nouvelle direction du groupe plus douce avec des arpèges de piano, harmonica et du xylophone. La critique littéraire s’ajoute à la critique rock qui s’intéresse à ses textes ciselés en de véritables récits dramatiques à références bibliques

Les moments intimes de la vie de son groupe sont mis en documentaire dans The Road to God Knows Where avec l’envers de la lumière d’une tournée aux Etats-Unis où le groupe est moins populaire qu’en Europe.

Pour Nick Cave, le voyage lui inspire aussi sa création. Au Brésil Nick Cave se ressource de son sevrage avec un insouciant soleil et une foi très présente en 1989. Il y expérimente la saudade sentiment de vague à l’âme nostalgique du passé, et les compos de groupe prennent une orientation plus gospel avec violons et jeux de chœurs. Au Bresil, Nick Cave est oisif et se tient à distance de l’industrie musicale et médiatique. La naissance de son fils en 1991 le reconnecte à son entourage. Retour à New York pour donner un nouveau souffle à sa créativité qui reprendra de la noirceur en studios. Nick Cave continue son exil d’Australie en revenant à Londres et l’acquisition d’une maison à Brighton. Nick Cave n’a cessé de réinventé les intrumentations du groupe de ballades en piano  »The Good Son », dark folk de  »Tender Prey », country-punk pour  »Henry’s Dream » et blues  »The Firstborn is dead ». 

En position centrale du livre, figure P.J.Harvey, autre artiste avec qui il chante en duo dans Murder Ballads en plein succès.  La rencontre d’affinités se mue en coup de foudre fulgurant pour Nick Cave, « Henry Lee » naît et on suit l’artiste dans des saynètes en guise de vidéo clips: 

(c) Getty images

(c) Getty images

Après une courte et intense relation, Nick Cave dissipe sa rupture avec P.J. Harvey aux studios d’Abbey Road pour l’album The Boatman’s Call, intimiste et épuré de l’imagerie biblique et insistant sur la rupture amoureuse cathartique. C’est à cette même poque que le chanteur australien Michael Hutchence du groupe INXS en exil aussi en Angleterre est retrouvé pendu dans son hôtel fin 1997 sans avoir pu travaillé avec Nick Cave 

2003 Nick Cave travaille à l’album Before the Poison de Marianne Faithfull tout comme P.J.Harvey. 2004 Abattoir Blues / The Lyre of Orpheus changement dans la carrière de Nick Cave qui s’éloigne des thématiques de la dichotomie divin/malin. 2007 Dig, Lazarus, Dig !!! novel opus de Nick Cave and the Bad Seeds avec du rhythm’n’blues

Nick Cave très proche de et dans son public.

2015, Nick Cave perd son fils Arthur et transforme ce qu’il traverse en nouvelle œuvre Skeleton Tree, une oeuvre au plus près de son processus de résilience.

Les mots de Christophe Deniau savent au plus juste mot relater la teneur et toute la saveur des ingrédients de la recette de la vie d’un des leader de groupe les plus charismatique des ces dernières décennies.

Christophe Deniau, Nick Cave, l’intranquille, 2018, « Castor Music » Le Castor Astral.

Van Maury-D

 

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