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Demain aura lieu le lancement du Printemps de Bourges 2017. Avec un soupçon d’excitation, j’ouvre aujourd’hui le dossier qui contiendra nos chroniques, nos interviews et nos impressions sur ce festival. Dans 6 jours, je me serai fabriquée [au moins] mille nouveaux souvenirs, puisqu’on aura l’occasion cette année de vivre ces 5 jours de fête de l’intérieur, et pour ne pas oublier les anciens, je vous les livre ici sans cachotterie !
On est dimanche, et après le traditionnel bon repas en famille, j’ouvre la pochette orange, emplie de tous ces dépliants et ces magazines aux couleurs vives, bien rangés par année. L’occasion de nous souvenir, en sortant les programmes un par un sur la nappe bulle-gomme, de tous ces Printemps de Bourges passés.
Gamine, j’assistais chaque année au spectacle jeune public proposé par le Printemps de Bourges avec mes parents. On sortait du théâtre Jacques Cœur et on allait regarder les spectacles de rue, magiciens, clowns, cracheurs de feu. Le Printemps de Bourges, c’était toujours une semaine de fête (à l’époque, le festival durait plus longtemps !), ne serait-ce que parce que la meilleure amie de ma mère dormait à la maison, et nous, on adorait « vivre » avec Catherine et la regarder enlever ses lentilles le soir, avec sa petite ventouse.
Le Théâtre Jacques Coeur
L’année 1996 a marqué un tournant dans ma vie de « printempsdeberruyère » [ah oui, maintenant vous le saurez, parce que ça m’agace un tantinet, les habitants de Bourges ne s’appellent pas les Bourgeois mais les Berruyers, BERRUYERS] : en plus du spectacle pour enfants, j’ai eu le droit d’aller voir la Comédie musicale Starmania avec mon oncle, ma tante et ma sœur. Pas bien haute dans mes baskets, mon oncle me portait pas intermittence pour que je puisse voir un peu la scène.
Ados lycéennes, nous demandions le droit d’aller « traîner sur le printemps », écumer les stands et user nos godasses sur le goudron parfois brûlant de Séraucourt [par contre, je peine à trouver un souvenir récent de ciel découvert pendant un PDB donc je ne vous vanterai pas le soleil BERRUYER (normalement, au bout de trois fois, on enregistre le mot !)]. On finissait par connaître les marchandises par cœur, mais on ne se lassait pas d’humer ces bonnes odeurs d’encens, de transpiration, de gras et de friture, mêlées à celles qui les surpassaient toutes, de l’herbe et du cannabis. La mère de ma meilleure amie nous accompagnait encore aux concerts. Elle a même eu droit à Gérald de Palmas, la chance.
En 2002, en plein boom d’Amélie Poulain, j’ai vu Yann Tiersen au Palais d’Auron accompagné d’un orchestre symphonique. Auditivement hallucinant pour mes jeunes oreilles pas encore très aiguisées, mais je pouvais reconnaitre la prouesse et le talent de cet artiste grâce à mes cours de piano. Après ça, j’ai joué « Comptine d’un autre été » en boucle au piano.
(Ceci est une vidéo filmée sur un ancien téléviseur comme on en avait dans l’temps donc forcément, l’image est moyenne, mais au niveau du son c’était à peu près comme ça, et c’était sublime : )
En 2004, en pleine crise des intermittents du spectacle, au concert de Cali, Sanseverino, Bashung et Bénabar, j’assiste à un beau choc des générations : Bashung s’octroie des rappels que le public ne lui a pas réclamés, trop impatient d’applaudir Bénabar. Et Bashung de chanter, encore et encore. Et le public de le huer. Triste et irrespectueux de mon point de vue, même si à l’époque, je l’avoue, je n’aimais pas vraiment Bashung. Sûrement pas assez mature ?
Illustration à 3’30
Retrouvailles avec Bénabar deux ans plus tard [ben oui, quoi, j’étais fan !], pour son spectacle spécial « Bénabar et ses invités », avec Mélanie, la chanteuse de mon tout premier groupe. En y allant au culot, on réussit à attendre les artistes en backstage à la fin du concert : rencontre joliment provoquée [et ouais, on aime bien la provoc’, quand on est jeune et fougueux !] avec « mon » Bruno et ses musiciens, Vincent Delerm, Christophe Mali qui s’était fait mal à la jambe et qui marchait avec des béquilles [je crois qu’au début je l’avais confondu avec Grand Corps Malade], et, last but not least, Jacques Higelin. Higelin, qui nous fait des gros câlins et nous invite à le rejoindre au Magic Mirror le soir pour lui donner notre CD (il ne nous a jamais rappelées, je ne comprends pas !?)
(mes premiers essais de permanentes n’étaient pas super concluants !!!)
Deuxième rencontre incroyable, toujours avec mon amie Mélanie, qui avait été chargée pendant le Printemps de Bourges 2009 de faire signer le Livre d’Or du Printemps au maximum d’artistes : après le concert de Ben Harper et les Relentless7, qui avaient notamment repris de « Under Pressure » de Bowie, nous voilà en Backstage à discuter avec les Relentless7 et tonton Ben. No pressure at all, pour le coup.
(Ceci n’est pas une version enregistrée pendant le Printemps de Bourges).
A l’époque où j’étais jeune vingtenaire [néologisme d’après mon ordinateur, mais on dit bien trentenaire et quarantenaire, alors pourquoi pas vingtenaire ?], on arpentait les soirs, et parfois jusque tard dans la nuit, les rues de Bourges pour faire la fameuse « tournée des bars » et applaudir des groupes locaux au festival OFF [On l’a même fait deux fois, le OFF, avec notre petit groupe de chanson française. Ambiance survoltée au bar du Château d’eau !]. Les copains portaient des bières ou des bouteilles transparentes contenant des mélanges douteux dans leurs sacs à dos, on était sans le sou et les bières coutaient moins cher au supermarché. On ne pouvait pas faire trois pas avec notre grosse bande de copains sans que quelqu’un ne croise une connaissance, ce qui avait pour effet de nous faire avancer au rythme de Jeanne Calment avec son déambulateur, et en moonwalk.
Mes deux derniers souvenirs marquants restent Mika et ses choristes chantant Underwater : à ce moment, le W s’apparentait à une cathédrale, comblé d’écho et de personnes touchées par la grâce [gros, gros frissons] :
…et l’extraordinaire énergie d’Izia sur la scène du W il y a deux ans : comme une guêpe affolée sous les projecteurs, elle se jette partout, et entraîne évidemment le public dans son délire….
Voilà. Merci papa, merci maman, d’avoir gardé tous les programmes des Printemps de Bourges depuis (au moins) ma naissance. Vous l’aurez compris, quand on a toujours vécu près de Bourges, année après année, ce festival rythme nos vies.
Violette, berrichonne, BERRUYERE et fière de l’être.