Claque dans ma face à l’écoute du tout nouvel album de Luke, aka Pornographie. 11 titres qui vous fouettent comme un 11 septembre, chauds, pimentés sur la plaie ouverte de notre mauvaise conscience à écran plat. Dans la bataille du rock français qui résiste et l’ouvre trop fort, il y avait eu beaucoup de pertes. Saez était un peu blessé (mais pour un temps seulement, hey), Noir Désir était tombé lourdement au champ d’honneur pour une histoire tragique et irritante. On avait bien des résistants bretons comme les têtus des Ramoneurs de Menhirs et quelques autres couillus, mais il nous manquait un porte-drapeau. On se souvenait avec amertume que Cantat chantait « et quelques fascisants autour de 15% » en 1996. Là, on avait les pieds dans la fange à hauteur de 25%… et la marée brune montait encore. Help !
Luke le « Warrior » est arrivé avec son album et a grimpé crânement sur la barricade, saisi l’étendard d’une main et arrosé à la kalach’ de l’autre. Surpris, réveillés, beaucoup se sont mis à relever la tête et la lutte a pu continuer de plus belle. « Rock and roll » tempo et ça cogne ! « J’veux être un héros » clame-t-il avec rage et nous les humbles, les soldats timides il nous en faut pour sortir de la tranchée à notre tour ; « C’est la guerre » !, on est « Des Marchandises » s’empresse-t-il d’ajouter avec l’œil brillant du kamikaze qui vient de décoller et larguer son train d’atterrissage (atterrir, pourquoi faire ?). Il nous dépeint chirurgicalement ce blême « Quelque part en France » si loin, si proche où la télé-réalité a lavé les cerveaux dont le temps disponible se réduit chaque jour un peu plus (ça serre le ventre et vous renvoie Fauve≠ au C.P. réviser leur Diabologum). Il renchérit par la balade « Rêver tue » pleine de nostalgie lucide, décrit la « Pornographie » visuelle cathodique et nous jette au visage les spotlights cupides cette « Discothèque » où l’on danse pour les sunlights du Business et de la part de marché. « Solitaires » enfonce le clou.
Luke sauve l’honneur hexagonal par son baroud, debout sur la barricade, il fait flotter le drapeau rouge et noir, sa voix animée de vibrato et d’émotion, sur fond de guitares puissantes, de rythmiques en béton qui avancent à bon tempo. Et nous, on suit, même si on se doute bien qu’il peut se faire descendre.
A vos ordres, Captain Thomas Boulard, on vous suit au maquis des idéaux, on va se faire bombarder, d’autres vont se faire mitrailler ou ne jamais revenir. Fuck ! Car nous, depuis Young et Strummer, on a choisi notre camp : le vôtre !
Jérôme « siempre » V.