2019. Quelque part en Europe, des humains se croisent, pressés, affairés, pas le temps de se regarder. Au-dessus de leurs têtes la Skyline les toise, pas de ligne de fuite à l’horizon, il faut avancer.
2012. Quelque part en France, les membres des Lignes Droites se rencontrent. L’architecture de leur pensée est le point de départ d’une aventure musicale et humaine qui regarde vers le large, vers l’absurde, vers le son.
2019. Quelque part à Paris, nous sommes allés à la rencontre de deux des cinq membres du groupe, Matthieu et Bruno, fondateurs des Lignes Droites, dont le deuxième EP, Heusden Zolder sort le 24 mai sur leur label Extension. On vous fait les présentations.
La trajectoire des Lignes Droites sur la ligne du temps, n’est pas une succession de segments, c’est une bissectrice, depuis la parution de leur premier EP (2015), suivi de leur premier album (2016), Les Humains, album rock radical, aussi dark, qu’incisif, jusqu’à la parution à venir d’Heusden Zolder. Ce dernier garde le cap du sens et du son, possible axiome du groupe, tout en ouvrant l’horizon vers des arrangements plus recherchés et une identité plus aboutie encore dans la voix de Bruno.
Si les Lignes sont Droites, à l’inverse, les fondateurs du groupe nous décrivent bien une démarche créative circulaire entre les cinq membres, « avec des strates, un mille feuille participatif, où chacun amène ses idées ».
Heusden Zolder, vraie ville désaffectée. Heusden Zolder, ville imaginaire disponible comme espace mental pour tout un chacun. Heusden Zolder, exquise matrice propice à projeter les incantations des Lignes Droites. L’amour fait ici écho à une forme de solitude urbaine suggérée dans Les Humains. Les paysages soniques d’Heusden Zolder rappellent tout autant David Lynch que Philip K. Dick. Et on se demande à quoi rêvent les guitares électriques des Lignes Droites ? Nick Cave ? On imagine un rock puissant croisant à angle droit le punk français des années 80 dans ce qu’il a de meilleur (Matthieu cite volontiers les Bérurier Noir), des sons distordus bruts (notamment sur Rêve Avéré) à l’intersection d’une ambiance planante nimbée de synthé. Matthieu et Bruno avouent justement chercher « cet espace qui est un peu compliqué entre chanson française, rock, influences électroniques et le Kraut ». Influence encore, celle de Bashung qui a ses quartiers dans Heusden Zolder : dans le son des guitares et parfois même dans la voix de Bruno.
Le climat sombre et brûlant d’Heusden Zolder assure un ascenseur émotionnel frénétique entre le premier et le dernier morceau. On aime l’intensité et l’électricité des superbes lignes de basse et de guitare et la sensibilité des mélodies. On en redemande même.
Matthieu et Bruno nous rassurent. Ils ont déjà pas mal de matériel, des morceaux bien avancés : un album se profile à l’horizon de la Skyline. Pour l’instant, ce qu’ils veulent, « c’est jouer ». Les Lignes Droites convergent en live vers « une sorte de catharsis, entre hyper présence et oubli de soi ».
Rendez-vous donc à la release party d’Heusden Zolder, le 20 juin au Klub à Paris, pour une vision en 5 dimensions, à l’énergie débridée.
Veyrenotes & Wunderbear