On aurait pu penser Sapin des Landes.
Mais le quatuor – Pierre Rubin (chant, guitare) aka. Peter Baker, Xavier Terracol (guitare) aka. Patrick ‘’Pat’’ McTrood, Jérémie ‘’Duc’’ Duault (basse) aka. Jeremiah ‘’Duke’’ Douglas et Iven Le Louedec (batterie) aka. Clarence P. Tezla – prend sa source du côté de Monterfil dans le Pays Pourpre, comme on dirait de la Vilaine qu’elle prend la sienne dans les collines de Juvigné, au lieu-dit la Source.
Monterfil, dont la scène rock ne s’est jamais faite entendre jusqu’alors au-delà de Treffendel et de Bréal-sous-Montfort, trop écrasée sans doute par la bouillonnante scène rennaise, distante de 25 kilomètres.
A ses débuts en 2006, le groupe, alors nommé Blackjack Davy (le projet Sapin ne prendra forme qu’en 2012), a écumé tous les bars PMU les plus mythiques du pays de Brocéliande : le Balto, le Marly, la Civette… jouant devant des foules bigarrées : des campagnards en goguette, des foules qui se roulent dans le pinard (victimes sans doute de l’empyreumatique et astringente ‘’Cuvée du patron’’), des vieillards au flanc grêle, des brutes paillardes, une pauvre pote amputée, une prof massive et calée…
Le type de parcours qui vous forme à mieux jouer et vous forge.
Sapin revendique son côté DIY et fun. Potache et hédoniste. Ici, on ne se prend pas au sérieux.
Une définition qui leur sied mieux que de les définir comme un groupe de garage-country-surf-pop, influencé tant par la scène américaine (Black Lips, Dead Ghosts, Demon’s Claws) qu’européenne (Regal, Movie Star Junkies, Country Teasers).
Ne vous attendez pas à découvrir une analyse tranchée sur le contenu des ordonnances visant à réformer le Code du travail, un débat ouvert sur le référendum d’autodétermination de la Catalogne ou encore sur l’existentialisme face à la montée identitaire des bonobos dans le biotope arctique : ils s’en caguent comme de leurs premières pédales fuzz, et nous avec.
Quoique, depuis les récentes rumeurs sur une bombe nucléaire bretonne (qui serait ainsi la dixième nation à en être dotée), les membres du groupe ont décidé de monter au créneau à leur (Nuclear) tour, conscients que l’arme nucléaire est plus que jamais une clé des rapports de forces internationaux, notamment en Asie me précise mon copain le hamster Kim Jong-un féru de géopolitique (que j’ai nommé ainsi rapport à son regard sans âme et son pelage dru).
Cette voix, ils la portent haute et forte sur leur troisième LP, ‘’Dark is the Night… On is the Party’’, à paraître le 13 octobre sur les excellents labels Howlin Banana et Beast Records (que l’on ne vous présente plus tant ils sont géniaux, indépendants, charismatiques, créateurs de bonheurs, ludiques… bref ce sont nos potes !).
Certainement leur opus le plus abouti à ce jour, en comparaison des deux premiers, ‘’Wrong Way’’ (2014) et ‘’Smell Of A Prick’’ (sorti l’an dernier).
Sapin revisite à sa façon la guerre du Pacifique dans le premier single ‘’Hiroshima’’, au refrain addictif. Le clip met en scène un GI américain dans un jeu de Nintendo DS3 progressant au milieu de la jungle (level 1), puis sur une base aérienne (level 2). Il devra éviter les pièges successifs de créatures irradiées, et défier un samouraï tenace, nippon sans chaîne et maître ès-arts martiaux. Avant finalement de combattre dans les airs (level 3), le tout finissant dans une apothéose en forme de champignon.
Tout à tour destructeur sur ‘’Break the Van’’ (‘’I know it’s a little bit hard to understand/But once again/We break the van’’) et ‘’Derail the Train’’ (les gars, si vous pensez que Tonton Pépi va vous octroyer des tarifs préférentiels Ouigo après ça !) ou aérien (‘’MH370’’), on retiendra que le groupe peut aussi pondre des morceaux calmes et émouvants comme ‘’Those Hands’’, histoire de fratrie et de mariage.
‘’Valium Blues’’ est western-country à souhait et devrait très bientôt ambiancer tous les saloons de l’Ouest et d’ailleurs.
L’album ne révolutionnera pas l’histoire du garage-country-surf-pop mais est-ce vraiment ce qu’on lui demande ? Il confirmera, et c’est bien là l’essentiel, que chaque opus de Sapin est synonyme de chill-out, sans prise de têtes, déglingué à souhait, que l’on écoute en toute décontraction, entre copains et en partageant de franches rigolades.
A noter que la pochette de l’album est à nouveau l’œuvre du brestois Antoine Marchalot qui, apprend-t-on de source tout à fait non informée, fait dans la bande dessinée, l’illustration, les affiches de concerts et la sérigraphie. Aux dernières nouvelles, il voyagerait en Absurdie, en compagnie de ses personnages saugrenus et déglingos.
Affirmons-le sans vergogne dès maintenant : Monterfil rocks !!!
Alechinsky.
Discographie : ‘’One Two T Ree Four’’ (EP 4 titres; 04/2013; Azbin Records) – ‘’Radio Hits’’ (K7 compil 9 titres; 12/2013; Retard Records) – ‘’Wrong Way’’ (LP 12 titres; 04/2014; Azbin Records & Beast Records) – ‘’Smell Of A Prick’’ (LP 12 titres; 05/2016; Howlin Banana & Beast Records) – ‘’Dark is the Night… On is the Party’’ (LP 12 titres ; 10/2017 ; Howlin Banana & Beast Records)
Nuclear Tour 2017 : 27/10 Mondo Bizarro Rennes – 28/10 El Chicho Bordeaux – 29/10 Secret Spot Angoulême – 30/10 Relax Bar Poitiers – 31/10 Drink Shop Perpignan – 1/11 Le Ravelin Toulouse – 2/11 La Mécanique Ondulatoire Paris – 3/11 T’Es Rock Coco Angers – 4/11 L’Antichambre Mordelles (Vous avez perdu la boule dans ce Mordelles ? Décidément, cette chronique est truffée de contrepèteries !)