Déjà découverte lors d’un festival L’Air du Temps à Lignières, ce petit bout de clown espiègle, et déjà, elle avait conquis mon cœur d’ardente dévoreuse de Chanson Française. Leila est Petite – P majuscule volontaire – et en jouait beaucoup pendant son spectacle. D’ailleurs, elle (se) jouait vraiment de tout, et pas seulement de la guitare. Elle (se) jouait d’elle-même, de son claviériste, de son public. C’est vrai que jouer de la musique, chanter des histoires, finalement, c’est jouer des rôles, se glisser dans la peau de personnages hauts en couleurs. Et ça, elle a très bien appris à le faire à l’école du cirque.

Le cirque, la Farce, c’est précisément ce qui ouvre cet Auguste, ce clown au visage blanc et aux yeux rieurs, ce maladroit qui l’air de rien, sait très bien où il va. Le cirque qui dérange, très beau et rutilant d’aspect, mais dont les animaux enfermés tournent dans leur cage en ravalant leur besoin d’exulter.

Après la farce du clown, notre Madame Loyal nous présente… la caracole du cavalier. Penser à bien rouler le r en disant le mot « caracole » et placer l’accent tonique sur la première syllabe. Parce que la diction et les intonations de notre « chianteuse » ne sont pas sans rappeler celles de Piaf. Son timbre de voix à deux vitesses qui passe du miel à l’éraillé-écorché itou.

La lutte finale a lieu environ 5 à 6 jours par mois, pendant lesquels Leila Huissoud parvient presque miraculeusement à faire un bel enfant communiste avec Mathias Malzieu. Une chanson aux paroles tellement bien écrites qu’elle ne feront rougir que les draps.

Leila Huissoud©David Farge3

Crédit photo : David Farge

Un petit détour par la Suisse, un autre par la cellule familiale intime, un Ecrit d’invention sur l’Amour qui touche en plein cœur, là, là, tout doux, on ferme les yeux pour respirer [En fermant les yeux]. Les tours de rond-points ou les tours de chant, qu’importe, tant qu’on tourne autour d’un point central : le micro. On termine habilement comme on a commencé, ça y est, on l’a fini notre tour du rond-point : en jouant avec les modes, les notes et les mots avec La Mineure.

Dans cet album, ce qui frappe, c’est la multiplicité des styles musicaux explorés, car la richesse des nombreux instruments de musique utilisés pour les arrangements offre toutes les possibilités : des cordes, de la guitare, des cuivres, de la batterie… une quinzaine de musiciens s’en sont donnés à cœur joie sur ces douze pistes. « Un énorme bordel » (quel cirque !) comme elle le décrit dans ce making-of.

Bref, Leila Huissoud, elle a tout : des talents de parolière, une capacité à transmettre l’émotion, une identité vocale avérée, un charisme débordant. Elle est « chanteuse, applaudissez » !

Allez embrasser Auguste à partir du 9 novembre, et vous en conviendrez.

Violette – pourtant j’ai jamais aimé les cirques.

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