Après la furie solaire du Hellfest, d’où je reviens comme d’une bataille épique et victorieuse, j’écoute en mon repos du guerrier et au casque ajusté : le poignant EP de Mischa Blanos, Second Nature.

Un piano entêtant et entêté initie la danse mais bientôt d’autres sons rythmiques et synthétiques viennent enrichir cette course folle de notes lancées comme des étincelles par un feu follet, comète d’accords qui troue la nuit.

Etrange, cette sensation de se sentir intelligent et complice en entendant certains artistes, c’est bingo, gros lot, cadeau… exactement le cas avec Mischa Blanos. Homme d’Europe de l’Est déployant ici les méandres boisés de sa créativité et de sa sensibilité, il atteint sans coup férir des sommets de romantisme et de sentiments dévoilés.

Mischa Blanos EP 2018

Show don’t tell dit-on aux créateurs en herbe, alors nul besoin de rajouter des compliments élaborés comme des tapisseries médiévales, ni de lancer des fleurs du bien à ces compositions qui tiennent debout seules. Elles bâtissent seules moult châteaux en votre esprit (fut-il fatigué ou assoiffé, repu ou prêt à s’ouvrir).

Et c’est encore le label Infiné qui nous permet ce voyage, ce trajet, cette promenade apprivoisée entre l’art et la passion d’un interprète exigeant.

Dans une ère bourdonnant de vulgarité, nous saturant de fausses créations en plastique, sponsorisée par l’huile de palme et les adjuvants toxiques, encore et encore une fois, nous avons l’occasion de cueillir sur la route surchauffée de nos vies à reconnaissance faciale intégrée une fleur qui pousse de travers, une mauvaise herbe rebelle à la banalité.

Seize the day, écoutez cet EP sans interruption en vous coupant d’un monde qui nous échappe.

L’alternative euphorisante vous tend les bras, elle s’agite sur 88 touches d’ivoire.

Mit liebe.

Jérôme « airlocked » V.

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