Hier, aux Inouïs du Printemps de Bourges, Songazine a pu repérer deux jeunes artistes qu’on pourrait qualifier d’ « engagés », dans tous les sens du terme, car oui, d’après le Larousse, « s’engager » a plusieurs sens :

  • En philosophie, c’est  » pour les existentialistes, acte par lequel l’individu assume les valeurs qu’il a choisies et donne, grâce à ce libre choix, un sens à son existence. »

Julien Bouchard, on l’aura compris, a donné un sens à son existence par la musique.

Songazine en avait déjà parlé, juste là : http://songazine.fr/v2/julien-bouchard-de-lexperience-collective-de-intimite-a-lemotion-partagee/

(mais quand on aime, on ne compte pas, et surtout, on en parle tout le temps)

Cet artiste originaire d’Épinal trace sa route depuis Coco Business Plan, son ancien projet, et a enregistré seul, en home studio, le très bel opus Songs from la Chambre. C’est un album intime, au son pop-folk et aux mélodies hyper efficaces, qu’on imagine bien écouter dans la voiture sur la route des vacances dans le Sud, chauffés extérieurement par le soleil et intérieurement par cette voix d’une douceur langoureuse. Julien chante tantôt en français, tantôt en anglais, mais a récemment pris un virage et engage son poids-lourd surchargé de créativité sur l’autoroute Molière, et ça, ça me plait !

(Ma préférée, parmi celles en anglais !)

Revenons chez l’ami Larousse. Il dit que l’engagement, c’est aussi :

  •  l’ « action de faire entrer quelque chose, un groupe dans un espace étroit » : hier, dès potron-minet (parce que 12h30 pendant le printemps de Bourges, ça sonne comme le petit matin, c’est pour les lève-tôt, les fans, les très motivés… ou les journalistes !), sur la scène du 22, Julien Bouchard et son groupe – composé d’un batteur, d’un guitariste, d’un bassiste et d’une claviériste, percussionniste et choriste – nous ont offert 30 petites minutes (trop petites !) de cette pop planante et délicieuse, qui ont terminé sur des accents plus rock.

Caché derrière des lunettes de soleil (c’est dommage, il a pourtant de beau yeux !); Julien, très impressionnant lors de ses solos de guitare, nous annonce la chanson « Hungry man« , en prenant position contre Donald Trump. Une autre forme d’engagement très appréciée du public.

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(site officiel de Julien Bouchard)

  • L’engagement, pour Gauvain Sers, présent sur la même session des Inouïs en duo avec son guitariste, c’est effectivement celui-là : le « fait de prendre parti sur les problèmes politiques ou sociaux par son action et ses discours : L’engagement d’un intellectuel.

Gauvain, qui se présente comme un « chanteur à casquette en velours côtelé marron », est originaire de la Creuse et en est un bel ambassadeur. Hier, nous étions le 21 avril, et cette date reste dans les mémoires comme le symbole de la montée de l’extrême-droite en France, souvenez-vous du 21 avril 2002 … (et surtout, n’oubliez pas d’aller voter demain). Gauvain parvient même à marquer son engagement dans une chanson d’amour, et évoque l’intermittence, Zemmour et Morano dans Pourvu. 

A deux jours du premier tour, la chanson la plus marquée politiquement reste Hénin-Beaumont, sublime et puissant réquisitoire contre la haine :

A ce moment-là du spectacle, j’ai compris pourquoi Gauvain était le chouchou de Renaud, mais l’ancien Renaud, qui votait vraiment à gauche il y a encore quelques années.

Le temps d’un poème déclamé a capella version slam, sur les clochards, « Un clodo sur toute la ligne » , ou de la chanson « Mon rameau » dans laquelle il personnalise la statue de Marianne, place de la République, coécrite avec la chanteuse Clio, mes larmes se sont mises à couler, les textes sont bouleversants, l’artiste encore plus.

Gauvain Sers a tout dans les poches, sauf ses mains, et il est bien loin d’être ringard, comme il pense l’être. La chanson « Je me souviens », bel écho littéraire à George Pérec, rend hommage au chemin qu’il a parcouru depuis l’enfance, et à son mentor Renaud, qui l’avait appelé pour faire les premières parties de sa tournée : « Je me souviens que ce coup de fil a tout changé, et ça tombera jamais dans l’oubli« .

De l’émotion encore et toujours sur « Mon fils est parti au djihad », criant d’actualité…

C’est vrai qu’après avoir vu Renaud mardi soir et pensé qu’il allait, ou devait s’arrêter, moi, je me suis dit, et je crois bien même que je l’ai dit tout fort, que sa relève était assurément làCasquette, l’artiste !

  • On me souffle aussi qu’Eddy de Pretto a été fantastique mais je n’ai malheureusement pas pu le voir. Il fera donc sans doute l’objet d’une prochaine chronique sur Songazine…

Violette

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