Fêtes de fin d’année, je frôle le rayon livres pour me poster devant le rayon vinyle et CD. Bien des années que je n’en achète plus ou pas ou pas assez. Là, je suis éblouie par le reflet d’imposantes lunettes de soleil opaques !! Serait-ce George Michael ??! Replongée vers un passé pas si disparu ou bien confusion due à la berlue ??! Une reprise de tous ses hits par d’autres (car on peut le détester mais on ne pourra pas lui retirer son succès). Non. Décédé le jour de Noël 2016 (Last Christmas pour ceux qui voudront l’écouter) en périphérie de Londres. Oui. George Michael était compositeur, chanteur à texte, à la carrière riche en rebondissements, personnels ou professionnels…De l’inoubliable minishort, au brushing et torse ostensiblement velus du groupe superpop post disco Wham ! ayant bien façonné les années 80 à la mise en retrait musical et privée de ses dernières années, son sourire, son dynamisme et sa douceur au chant à fleur d’oreille furent mondialement reconnus y compris par de grandes figures. Ce n’est pas que moi qui l’écrit mais Aretha Franklin qui chanta avec lui le duo I Knew You Were Waiting (1986) marquant le début de sa carrière solo et le bris en deux de Wham ! pour des sons plus rock ou R n’B (ou d’autres aussi).
Le processus de starisation international s’effectue avec le premier album Faith (1988) sous l’impulsion d’une maison de disques majeure. Un peu too much au goût d’un George Michael jouant pourtant le jeu. Mais aucune promo pour son deuxième album studio Listen without Prejudice vol. 1 (1990) joignant sa théorie d’envie à sa pratique de vie. Praying for Time, Cowboys and Angels etc. devenus des tubes, titre après titre. Attaché à sa liberté de composition et de production, il se brouille avec cette maison de disque d’alors Sony Music jusqu’au procès. Pas si simple de se séparer des tenants aboutissant à son indépendance et sa liberté (Freedom, autre emblématique hit) retrouvée quelques années plus tard. Ne rien lâcher sans trop fâcher. Non seulement une voix hors du commun mais un cœur extraordinaire l’impliqua régulièrement à faire don de temps, de royalties etc. à des associations ou œuvres caritatives (un trait commun avec son amie Diana, Princesse de Galles) notamment la lutte contre le sida par sa reprise du single Somebody to Love (1976) sur la scène de Wembley en 1992 avec le groupe Queen, privés de Freddie Mercury décédé en 1991. Après plusieurs autres décès proches, une arrestation en 1998, il se confronte au médiatique en étant contraint et courageux de dévoiler publiquement ce qu’on avait déjà deviné.
Sa musique s’écoute et se découvre encore. Partir à 53 ans, c’est un retour en musique qui reste en suspend. Points de suspension….mais d’irréductibles fans et nouveaux convertis font de la réédition de Listen Without Prejudice Vol. 1 (un de ses meilleurs albums ?) un nouveau numéro 1 des charts britanniques dès fin octobre 2017, soit 27 ans après ! Brouillés mais sans rancune pécunière, le label Sony a réalisé la campagne promo de ce double album posthume, retravaillant la substantifique moelle de son œuvre, contenant photos inédites, manuscrits de composition, livrets, 1 CD remasterisé et le concert MTV Unplugged de 1996. En prime et en preuve que George Michael n’en avait pas fini faire chroniquer sur lui il préparait son retour, et le single Fantasy inédit et posthume, remastérisé et enregistré avec Nile Rodgers, compositeur, producteur du groupe disco funk Chic. Une version coffret Deluxe plus imposante par la taille et l’ajout d’un troisième CD et d’un DVD existe et montre en couverture le noir et blanc vintage de centaines de fans en concert. Et pas son visage mis en lunette.
Il fallut du temps pour l’enterrer George Michael en mars 2017 accompagné du bien vivant Andrew Ridgeley, complice de lycée et de Wham ! d’antan. C’est une autre illustre icône britannique partie brusquement dont la tombe est sous bonne garde 24 sur 24, histoire de rappeler que ce n’est pas n’importe qui qui s’y repose même si tous les fans ne sont pas invasifs de la vie terrée et préfèreront sans doute regarder des documentaires TV empreint d’inédits (George Michael : Freedom, diffusé fin décembre 2017 sur ARTE).

Van MdbS

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