La musique a ceci de commun avec la philatélie : elle rend curieux, amène à la découverte de peuples, de cultures et de géographies méconnus jusqu’alors.

Ainsi en va-t-il grâce à l’écoute du nouveau duo Eko & Vinda Folio (Erekle Deisadze au chant et Temo Ezugbaia à la guitare), originaire de Tbilissi, capitale de la Géorgie, dans le Sud caucasien.

Le quidam féru de sport connaît le Dinamo Tbilissi et regarde béatement le judoka géorgien avec un nom se terminant en -vili ou -adze se faire rétamer par Teddy Riner au bout de trente secondes de randori.

Là, il creuse, fait des recherches, s’élargit l’esprit jusqu’alors circonscrit au seul domaine sportif, découvrant des noms de contrées tout droit sortis d’une BD d’Hergé… l’Adjarie, l’Ossétie du Sud, la Svanétie, Iméréthie… nourrissant par là-même son imaginaire.

En ce début d’année donc, le soleil musical se lève à l’Est !

Vlad Parshin, leader de Motorama, poste sur Facebook un lien YouTube d’un morceau d’un de ses amis géorgiens, qui parvient jusqu’aux oreilles mélomanes de Sean Bouchard, fondateur du label indépendant bordelais Talitres.

Le patron du label, dont on apprécie grandement ici à Songazine, le regard artistique et sincère, « l’exigence du cœur » et la détermination à porter sur le long terme des projets et à les défendre avec toute son âme et toute sa volonté, signe quelques temps après la formation géorgienne.

Et c’est vrai que le coup de cœur est immédiat dès la première écoute des deux titres disponibles « Shen Anateb » et « Agurit khelshi », indie-pop romantique et mélodique aux connotations post-punk, à l’image du grand frère Vlad, avec des lignes de guitare claires et addictives.

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On s’attend évidemment à des chansons en anglais mais que nenni. Eko & Vinda Folio ont délibérément fait le choix de chanter dans leur langue natale pour permettre aux messages qu’ils veulent porter – la situation sociale dans leur pays, la naissance de leurs droits depuis l’indépendance de la Géorgie en 1991, … – d’avoir plus de résonance en Géorgie.

« Chanter en géorgien favorise une proximité directe avec les personnes qui partagent notre quotidien. Ce sentiment d’être écouté, entendu par des êtres qui nous sont chers est à l’origine d’une grâce sans pareil ».

Nouvelle agréable surprise car à l’inverse du chant grégorien, abrupt et monodique, et pour tout dire aussi chiant qu’un dimanche de pluie à Bangalore pendant la mousson, le chant géorgien est doux, rond et chaleureux.

On attend maintenant de voir le duo transcaucasien sur scène, peut-être en première partie de Motorama lors des 3 dates françaises début février 2017 ?

« Just this old, sweet song / Keeps Georgia on my mind ».

Claude Le Flohicadze.

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