C’est la rentrée, alors on pleure, adieux les coeurs blessés, adieux les beaux jours, les nuits chaudes de l’été, les festivals qui nous ont enchantés. Et nous ne sommes pas les seuls, car Clara Luciani pleure elle aussi. Mieux, elle le chante.
Si un gros festival, prenons « Rock en Seine », nous couvre de têtes d’affiches, bien caché dans la forêt, surgit parfois un animal.
Il suffit d’être en lisière de la scène « Ile-de-France », pour le voir apparaître, et assister au mini-set, transformant une biche frêle en femme, en longue dame brune. Avant cette belle échappée en solitaire, elle est passée par la farandole du groupe « La Femme », mais il ne reste rien de cette rencontre. Elle est elle, fascinante avec son propre monde au travers de sa voix.
Il y a quelque chose de magnétique, une puissance d’interprétation de la douleur…
Elle nous présentait « Monstre d’amour » premier EP de 4 titres, enregistré avec Benjamin Lebeau (The Shoes) et Ambroise Willaume (Sage).
Difficile d’imaginer quelques heures auparavant Clara Luciani répondre avec douceur et rigolade à une interview pour une radio. La scène transfigure. Dès les premières notes de « Monstre d’amour », tenant sa guitare, elle mue et devient une héroïne shakespearienne: fureur, désespoir et tremblement.
Elle a aussi assuré les premières parties de Benjamin Biolay, qui, la voyant en train de tricoter avant d’entrer en scène pour lutter contre le stress déclara : « Le rock’n’roll ce n’est plus ce que c’était! »
C’est sans doute là qu’apparaît le trouble puisqu’une autre dame pratiquait elle aussi le tricot. A l’heure où Barbara envahit les écrans français grâce au génie de Mathieu Amalric, nous avons devant les yeux un mélange abrupte de Barbara et l’éclectique et électrique PJ Harvey.
Quand je lui ai posé la question : « Si la chanson Pleure Clara, Pleure était un tableau ? » Elle m’a répondu qu’il serait : « Ophélia de John Everett Millais, juste pour l’eau et le côté dramatique de la chose… »
Et nous d’entendre la dernière phrase de la chanson : « Comme la nuit qui vient est sombre… »
SZAMANKA