Pour une fois je vais être moins modeste, pour une fois je vais me hausser du col et me lancer des fleurs ;
Je vais faire valoir un talent que j’ai acquis après avoir écouté des milliers de disques, découvert ex-nihilo des artistes, déchiré l’enveloppe de cellophane de CD d’inconnus : je sais déceler la qualité supérieure et musicale incontestable.
C’est dit, je pense avoir le feeling qui sonne juste, l’évaluation exacte, le nez pour ce qui sort du lot (dans la catégorie rock au sens le plus large de sa signification). Les trucs pas éphémères, les morceaux qui déchirent, les types qui marqueront davantage le patrimoine de cet art (mineur ou majeur, là n’est pas la question, après tout). L’histoire et la pérennité m’ont rarement contredit, les chiffres de ventes plus souvent…mais vous le savez, hélas, la corrélation entre l’excellence artistique et les bénéfices est peu souvent justifiée.
Et mon premier coup de cœur de 2020 est Bai Kamara JR. L’album « Salone » m’est parvenu, parmi une vingtaine d’un coup (!) en cette première semaine de janvier. Ecoute, flash immédiat : voilà du blues de haut niveau, avec le feeling, les bretelles et la classe ? Ce type-là ne ment pas, c’est ce que je ressens avec force.
Voix qui touche le cœur sans hésitation, mélodies touchantes, sens de la chanson et déclinaison de la grammaire du genre blues. Notons un timbre qui rappelle un poil Keziah Jones (notre héros du jour vient de Sierra Leone et habite BXL). Dans la veine des plus grands de la musique du Diable, Bai Kamara JR pose sa musique avec élégance, perpétue la tradition universelle des trois accords -et plus, of course- qui vibrent dans l’air du Mississipi, de l’Illinois, du Mali et des nuits parisiennes depuis presque un siècle. Je ne vous évoque même pas les paroles, fortes et justes ; écoutez !
On découvre, étonné que Bai Kamara JR joue aussi de tous les instruments, ce qui confirme qu’on a découvert un type pas ordinaire. Et en plus, il a un look d’une classe folle.
Il ne vendra peut-être pas un million de copies mais toi, lecteur de Songazine, tu ferais bien d’écouter mon conseil de rock critic qui a du pif : éclaire donc ton début d’année en écoutant plusieurs fois de suite cet album.
Jérôme « went 3 times to Chicago and saw the light » V.