Andoni Iturrioz, auteur compositeur interprète d’origine basque, a récemment sorti son troisième album, Le Roi des Ruines, album-concept de huit titres aux formats originaux, qui reflète une vie entière. Celui qui a fait le tour du monde livre dans cet opus un voyage intérieur nourri d’introspection.

La dureté promise par l’allitération du titre est au cœur de cet opus, mais c’est une dureté qu’il faut crier et accepter, parce qu’elle est nécessaire pour avancer.

L’album s’ouvre par les vibrations des peaux qui racontent, et même hurlent leur « joie noire vers le ciel ». Ce titre dénonciateur nous plonge dans une dystopie transcendantale. La musique est de plus en plus sombre, plus rock, et nous plonge dans les tréfonds, là où il fait plus noir que noir. Plus noir que la joie noire. Au fond de cette caverne, cette élégie exulte les dégueulasseries du monde et exhorte à donner un grand coup de pied au sol pour mieux se propulser vers le haut, dans l’écoute dans cet album.

Le Roi des Ruines nous entraîne alors dans une folle cavalcade aux accents blues-rock. Mais qui donc est le roi des ruines ? Quelle est sa quête ? Il regarde dans le miroir et trouve son propre reflet, tout comme il trouvera la réponse en lui, et non dans l’ailleurs. Le texte est une révélation universelle : tout le monde est le roi de ses propres ruines. Ce titre s’ancre complètement dans l’ère du développement personnel et de la consécration du « être bien avec soi-même pour être bien avec les autres »… en beaucoup plus joliment dit.

« Mes trésors sont dans le regard
Il faut creuser comme dans une mine
D’un regard vous verrez la gloire
De l’autre vous verrez la ruine »

Dans la rocaille construit de magnifiques décors « Un soleil bleu tombe d’en haut et met la nuit sous ma casquette » autour de celui qui pense à la mort, et qui pense qu’il pourra choisir le moment de son départ : « Dieu sait que Dieu, c’est moi entre autres ».

Des bruits de pas sur un chemin de pierre. Une voix annonce le titre d’une histoire qui va nous être contée : La fabuleuse histoire de Judas Iscariote. C’est comme une naissance, un enfant qui grandit dans l’égocentrisme, puis petit à petit s’ouvre au monde et en décrit ce qu’il y trouve de singulier, et de mauvais. C’est une histoire universelle, fondatrice, qu’on pourrait trouver dans la mythologie comme dans la bible.

« La lucidité est une erreur heureuse
La confusion une erreur triste
Seule la confiance est juste »

Et en pleine lumière, on fera la Révolution. On imaginera un monde meilleur et on le construira tous ensemble. Ce sera aussi brillant et joyeux que ce titre, dont il est impossible de sélectionner un passage de paroles tant elles sont toutes magnifiques.

La Jérusalem d’Andoni Iturrioz évoque la Bible et sa musique nous fait voyager là où il fait chaud, à l’instar de Smara, dans le désert.

Sur la pochette, pour la huitième chanson, Olé, le numéro est renversé, peut être pour symboliser l’infinité d’écoutes qu’on pourra faire de cet album. Olé, c’est la tension, l’angoisse, c’est noir, c’est noir, et tout à coup, c’est doré,on accueille l’humour, la joie, les rires, l’émotion

« Un rire de cette femme et le monde est en paix
Nos visages rougissent sous des astres d’émotion
Sa peau est un amour
On s’embrasse comme derrière un rideau »

Dans cette Création revisitée et truffée d’oxymores évocatrices, l’artiste nous rappelle que la mort est nécessaire, parce que c’est par elle que la vie prend son sens.

Il faudra du temps et mille écoutes pour digérer ce bouleversant album. Ces questions soulevées, ces souffrances, et ces lumières qui t’éclairent, ça te prend aux tripes et ça ne te quitte plus. Le Roi des Ruines, c’est comme apercevoir la lumière après des jours et des jours passés à vivre dans le noir : vital.

Violette Dubreuil, une « enfant dans la neige ».

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