Alister était sur la scène du Petit Bain le 17 février dans le cadre du Festival How To Love épisode #4.

Affiche How to love 2017

Avant l’arrivée sur scène d’Alister (alias Christophe Ernault), Jean-Eric Perrin, journaliste musical (ex-chroniqueur à Rock & Folk, et rédacteur en chef à Best et Rolling Stone, devenu écrivain), dépeint l’artiste avec beaucoup d’humour et de second degré : ‘’Je vais maintenant vous présenter un garçon que je n’aime pas du tout… Il est bourré de talent, à la fois musicien, rédacteur de la revue trimestrielle Schnock (‘’La revue des vieux de 27 à 87 ans’’), écrivain (auteur de ‘’Anthologie des bourdes de la chanson’’ et ‘’Anthologie des méchants au cinéma’’), animateur radio, auteur pour la télévision (‘’Un gars, une fille’’, ‘’La minute blonde’’, ‘’Le vrai journal’’, ‘’L’Hypershow’’)… touche-à-tout, éclectique. Et son look glam-rock, associé à une bonne dose d’humour et de dérision, plaît aux femmes’’.

Après deux premiers albums – ‘’Aucun mal ne vous sera fait’’ (2008), et ‘’Double détente’’ (2011) -, Alister nous revient avec un nouvel album, ‘’Mouvement perpétuel’’, sorti le 4 novembre dernier.

ALISTER MOUVEMENT PERPETUEL

Le chanteur est comme à l’accoutumée accompagné de ses deux fidèles compagnons de scène depuis plus de dix années, Julien Galner à la batterie (Château Marmont), Dino Trifunovic à la guitare (Van Gogh Superstar) et Antoine à la basse.

Alister, c’est un mélange de rock et de désinvolture. L’élégance à être léger, à aborder des sujets actuels parfois brutaux et douloureux mais toujours dans la satire et l’ironie.

’’Je travaille pour un con’’ aborde ainsi la question actuelle de la souffrance au travail, du harcèlement moral, comme une version chantée de ‘’Souffrance en France’’ de Christophe Dejours. (Allez voir le clip qui met en scène la bombe atomique Frédérique Bel, assistante soumise devenant tigresse vengeresse tendance SM en compagnie de sa brune collègue).

ALISTER - JE TRAVAILLE POUR UN CON

‘’Cathédrale’’, présentée par Alister comme ‘’une tentative de rock chrétien’’, est une chanson bien plus ambitieuse, une GRANDE chanson, que Stan Cuesta qualifiera à juste titre dans Rock&Folk n°592 de décembre 2016, de ‘’morceau incroyable, un pur chef-d’œuvre digne des plus grands titres seventies de Manset ou Christophe’’.

Les chansons s’enchaînent avec beaucoup de traits d’humour entre chacune d’entre elles… ‘’La prochaine chanson sera jouée en LA mineur, pour les puristes’’.

L’espièglerie et le second degré sont au rendez-vous ce soir, pour le bon plaisir du public dans la salle.

La ‘’fonte des glaces’’, sombre et tragique, clôt la première partie du set au piano, avant que ne démarre la seconde partie « guitares’’ qu’Alister présente ainsi, faussement dilettante : ‘’Nous allons maintenant vous jouer une partie beaucoup plus technique (il passe à la guitare). ‘’On a enlevé le piano de la scène, vous ne le reverrez plus. Nous allons maintenant jouer de la guitare. Désaccordée évidemment.’’

Un ampli récalcitrant provoque un interlude non prévu au programme. Qu’à cela ne tienne, Alister, toujours dans l’aisance et la spontanéité la plus totale, demande à Dino de meubler la transition, le temps d’installer la partie guitare de la seconde partie du set : ‘’Il est temps de rendre un hommage à tous nos défunts de l’année écoulée…’’

Dino entame alors au débotté une mini-reprise de ‘’Careless Whispers’’ de George Michael, suivi du riff de ‘’Kiss’’ du Kid de Minneapolis.

Le set reprend enfin après quelques minutes de déconnade potache et décalée, sur un mode résolument plus nerveux et rock. Ce qui n’est pas pour nous déplaire !

‘’Bordel’’ sonne comme le grand Jacques, ‘’Fils de’’ est corrosif à souhait.

LE REVUE SCHNOCK

Le set (et la soirée) se clôturent avec le désabusé et dansant ‘’Qu’est-ce qu’on va faire de toi’’ (‘’Qu’est-ce qu’on va faire de toi / Qu’est-ce que t’as dans la tête / Tu ne sais que danser / Tu ne sais que rater ta vie’’… ‘’On va t’occuper avec des sitcoms / On va t’occuper avec ton surmoi / On va t’occuper avec tes diplômes / On va t’aveugler avec des larmes / On va t’aveugler avec ta libido / On va débrancher tes neuro-transmetteurs / On va te divertir avec des sosies / On va te divertir avec des bpm…)’’.

Alors, après trois albums, quelle place Alister a-t-il dans l’univers de la chanson française? (Déjà) dans le sillage immédiat de Manset, Christophe, Bashung, Gainsbourg, Dutronc… ? En peinture, on dirait un ‘’Petit Maître’’. La question le ferait assurément bien rire ; il s’en détacherait avec un sens de la répartie affûté, lui qui préfère garder ses distances dans un métier très narcissique.

Car finalement, l’essentiel est ailleurs.

Dans la légèreté et la dérision.

Ce qu’Alister sait faire de mieux dans ses compositions… Mélange de rock et de désinvolture…

 

Set-list

Partie piano : Avant après / Elisabeth / La femme parfaite / Quelque chose dans mon verre / Je travaille pour un con / Cathédrale / La fonte des glaces Partie guitares : Bordel / Je suis loin / Fils de / Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?

Prochaines dates de concert : le 28 mars (Trois Baudets) et le 4 novembre (Madame Arthur).

 Alechinsky

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