
J’ai écrit ce post début juin et sagement attendu la sortie officielle d’un album coup de cœur. Séquence émotion avec cet opus déchirant et beau. Un « milsetone » pour l’année 2025.
Au croisement du deuil et de la lumière apparaît « A Dawning », ultime collaboration entre le compositeur islandais Ólafur Arnalds et le regretté Eoin French, alias Talos, artiste irlandais. Fruit d’une amitié fructueuse, fulgurante et sincère, cet album posthume résonne comme une ode mystique, suspendue entre ciel et terre.
Les premières notes de Shared Time semblent surgir d’un souvenir : bribes de voix, échos de vie, comme conservés dans une capsule d’ambre. Dès Signs, la voix de Talos vacille, cherche, s’élève. À ses côtés, Arnalds tisse un écrin de piano et de textures organiques, capturant l’instant avec pudeur.
Composé entre Reykjavík et West Cork, A Dawning est traversé de collaborations douces : celle de Sandrayati sur Bedrock, de Niamh Regan et Ye Vagabonds sur le choral We Didn’t Know We Were Ready, et d’Alexi Murdoch, dont la voix parlée plane sur Borrowed Time. Chaque morceau est un petit fragment d’éternité gravé dans la matière sonore.
Mais c’est sur la pièce maîtresse éponyme que l’album trouve son point culminant : une orchestration poignante, un chant habité, une lumière qui transperce la nuit à venir.
Talos y chante pour l’éternité, car il savait déjà… : « On dirait que cette guerre est notre aube ». L’aube d’un monde sans lui, mais imprégné de son souvenir et de cette musique.
A Dawning est plus qu’un album : c’est un adieu, une promesse, une résurrection par la musique. Arnalds y célèbre non seulement un ami, mais un frère de son. Ensemble, ils ont sculpté l’invisible et touché notre âme.
Jérôme « oui, touché » V.