Nul besoin pour Thomas Boulard, aka Luke, de trop parler entre les chansons.
La Cigale est pleine, la ferveur est là et il démarre fort avec Warrior, on a tout de suite compris que ce serait un grand concert. Hier soir, la flamme a brûlé.
Chaque ligne de ses paroles résonne avec une force inégalée dans nos oreilles meurtries et nos cœurs fatigués, en cette fin d’année 2015. Un millésime éprouvant, blessant, que la musique nous permet de panser un peu.
Quelque part en France, 3 jours après la vague brune qui a submergé les urnes aux élections régionales, l’éclairage bleu blanc rouge qui surgit soudain derrière les musiciens, on serre les dents, on a compris : pas besoin d’en rajouter.
C’est la guerre nous prend aux tripes, dans cette salle qui ressemble tant au Bataclan ; on regarde derrière nous, en se demandant : et si trois zombies surarmés surgissaient là, derrière nous ? Bien sûr, on serait coincés comme des rats.
J’veux être un héros est libératrice, on crie et on hurle avec fougue, tous convaincus que Luke est le nôtre, ce soir.
Quasiment tout l’album Pornographie est joué, ainsi que d’autres belles et électriques chansons telles Hasta Siempre, Soledad ou la puissante Sentinelle…
Premier rappel avec Solitaires tout seul, guitare désaccordée mais courage en inox. Discothèque survitaminée, excitation à son comble.
Le public était bouillant et les artistes sincères : nous avions récemment tous pu réévaluer avec force notre chance de participer à un concert entre gens libres.
Et « ce soir on ne pouvait pas foutre le camp comme ça » nous dit-il ; deuxième rappel avec C’est la guerre bis, acclamations et applaudissements qui ne se terminent pas…. Emotion partagée.
Grand et beau moment de rock and roll.
Avec Luke, la flamme de la résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.
Jérôme « quelque part à Paris » V.