Songazine est parti à la rencontre d’Eagles Gift durant le Festival Levitation à Angers. Ils viennent de sortir leur nouvel album An Astral Journey, le 30 septembre. Ils seront en concert au Supersonic, le 6 octobre.
L’histoire commença par le Festival Levitation il y a trois ans. Romain, avec ses douze morceaux composés chez lui, saisit l’occasion du Festival pour monter un nouveau groupe : « Quand j’ai appris qu’il y avait cet événement à Angers, j’en ai profité pour chercher des musiciens. J’ai envoyé pas mal de mails à des groupes d’Angers. Stw (Sheraf) a été le premier à venir me voir, puis Chris (basse) et Hugo (batterie) nous ont rejoint juste après. Lors de notre concert en off, Alex Maas des Black Angels était présent et il a tout de suite accroché à notre son. »
Ce qui devait être à la base, « un projet pour déconner, pour juste faire ce concert » s’est transformé en un véritable groupe. L’année suivante ils se produisent à nouveau au véritable Levitation à Angers, mais aussi à la source du projet, à Austin, Texas. « Nous avions gardé contact tout ce temps avec Alex et Rob Fitzpatrick (le co-fondateur du festival). Ils nous ont proposé de jouer à Austin. C’était comme si nous entrions dans la cour des grands. »
Suite à leur concert aux Etats-Unis, tout s’accélère pour cette jeune formation angevine. « Durant notre séjour, nous avons fait plus ample connaissance avec les Black Angels. De même, j’avais déjà entendu parler de Brett Orrison, du fait qu’il avait enregistré un album des Wall Of Death, » se rappelle le guitariste, « Je me suis dit que pour notre deuxième album, je voulais un peu mieux que de le faire chez soi. J’ai contacté dans un premier temps Alex qui m’a rencardé avec Brett. »
Avec à peine six mois d’existence, les voilà projetés dans la réalisation de leur deuxième album An Astral Journey, avec aux commandes : Brett Orrison. « Il est venu en France, dans un studio près d’Angers. Nous avons enregistré huit titres que j’ai maquetté en urgence. Le tout en un temps record de six jours. Puis nous avons retravaillé le disque de notre côté. C’est pour ça qu’il a mis autant de temps. L’autre facteur est Simon qui nous a rejoint aux claviers/voix. »
Simon prend ainsi la parole et raconte les faits : » Pour l’anecdote, j’étais présent à leur premier concert. Je connaissais déjà Romain au travers d’autres projets. J’étais dans un groupe de psyché dans le Nord. ça battait un peu de l’aile et j’ai voulu les rejoindre dans Eagles Gift. » Romain confirme : « C’est vrai que j’avais envie de rajouter cette touche de claviers pour donner plus de ‘gueule’ dans l’album. Le problème était qu’il était à Lille et c’était compliqué pour se rencontrer mais, maintenant, il est devenu un pur angevin. »
Descente en enfer…
Black Angels, Black Rebel Motorcycle Club, Black Moutain se sont ces références qui nous viennent à l’esprit à l’écoute d’An Astral Journey. Une ambiance psychédélique à la croisée de rites chamaniques du grand ouest américain avec de grandes envolées sonores, voilà pour la description. Q’en pense Romain ? « C’est exactement ce que nous avons voulu rechercher. Dans notre premier album (Eagles Gift, 2013) c’était plus du style garage. C’était un album porté plus sur la pop, avec parfois des sons lo-fi, et de la reverb, le tout avec une esthétique psychédélique. »
Autre particularité de leur dernière oeuvre, nous avons l’impression d’être en pleine descente en enfer. Petit à petit, nous sommes plongés dans les limbes, tels Dante et Virgile dans la Divine Comédie. Simon nous raconte : « Quand ils sont partis à Austin, ils ont eu une expérience transcendante, un délire style The Doors. » Il nous explique son intérêt pour tout ce qui touche au mysticisme : « Je suis un mordu de toutes ces choses, d’où cette expérience de voyage astral. A l’époque, j’étais fasciné par les œuvres de l’Apocalypse. Elles sont toutes remplies de mythes, de légendes et d’un important bestiaire. Puis, j’ai trouvé qu’il y avait un parallèle avec la musique d’Eagles Gift. C’est ainsi que que j’ai proposé cette esthétique pour l’album. »
Romain en conclut : « Si tu regardes les textes, il y a une véritable histoire qui se construit de la première à la dernière chanson. Elles révèlent cette descente en enfer pour finir avec une fin du monde. Après tout n’est pas noir, puisque dans les dernières notes de Another Earth, tu ressens une renaissance. »
Un mail inattendu…
Alejandro Jodorowski, un des grands maîtres de la Science-Fiction a été séduit par leur musique. Elle se retrouve projetée dans son prochain film Poesia Sin Fin (sortie le 5 octobre). L’initiateur n’est autre que Simon le claviériste du groupe : « Je suis un grand fan de ses œuvres. Pendant les tournées, je montrais au reste du groupe ses films comme La Montagne Sacrée et El Topo. Quant à Romain, il le connaissait plus pour sa collaboration avec Moebius. » Il continue sur cette rencontre : « En octobre dernier, il y avait une rétrospective Jodorowski à Bordeaux . Il y tenait une conférence . Je suis allé avec dans l’espoir de faire partager ce que je joue avec le groupe. J’ai réussi à le voir et nous avions échangé quelques mots. »
Six mois plus tard, un mail arrive aux Eagles Gift. « C’était l’assistante post-production de son prochain film. Elle nous disait que Jodorowski était intéressé par un de nos morceaux. » Romain poursuit : « Pour la petite histoire, c’était un CD gravé à l’arrache. Il y avait juste écrit : piste une, deux, trois… Et en plus dans le mauvais ordre. Du coup, il fallait qu’on remette tout à la bonne place. »
Dans le futur, avec une des scènes du film, les Eagles Gift veulent monter un clip. Ils espèrent de nouveau, un jour, le re-rencontrer « autour d’un café« , pour de nouvelles collaborations avec ce grand homme. Enfin, nous terminons par les deux derniers mots d’Eagles Gift : « Styley » et « Bah Yes ».
Thomas Monot
Bonus lien :
Awakening
Poesia Sin Fin