Premier roman pour public adulte de la célébrissime auteure d’Harry Potter, Une place à prendre, a bénéficié, à sa sortie, d’une publicité qui relevait du harcèlement commercial et s’est très bien vendu parce que les gens sont gentils et qu’ils achètent tout ce qu’ils voient sur les affiches du métro. Une deuxième raison à ce succès qui, s’il n’égalait pas celui de Poudlard aux œufs d’or a permis à l’ouvrage de caracoler en tête des ventes dans les pays anglo-saxons comme en France, est probablement que la lecture ce roman se révèle parfaitement recommandable.
JK Rowling a banni toute magie de son histoire pour peindre la mesquinerie, la nullité, la misère culturelle d’une petite ville de province anglaise. Adultes et adolescents y vivent une existence bornée où l’égoïsme le dispute à la médiocrité. Un seul personnage dénote par son altrusime et sa bonté dans cette galerie décourageante du genre humain, l’auteure le tue à la deuxième page du livre. Les autres peuvent alors s’entredévorer au-dessus de sa tombe.
Cette fiction féroce ne s’embarrasse pas de héros et l’on retrouve la cruauté satirique des auteurs classiques du XIXe siècle anglais, sans la morale, nécessaire à l’époque et bien superflue aujourd’hui. Aucune pure et sage jeune fille, aucun courageux jeune homme ne vient sauver les bien peu sympathiques habitants de Pagford qui auront toute leur courte vie de mortel pour se noyer dans leur propre petitesse. Un roman un peu déprimant, grinçant et tellement anglais qu’il donne envie d’opposer une absurde et dérisoire tasse de thé aux exaspérantes convulsions de nos semblables.
Henriette de Saint-Fiel