Ulrika Spacek est une formation anglaise de post-punk avec un soupçon de shoegaze, saupoudré de stoner. Le groupe a vu le jour à Berlin, lors d’une soirée, où deux amis d’enfance ayant le même nom – les deux se prénomment Rhys -, eu le même job et le même appartement, se sont mis dans la tête de former un groupe.
Un scénario « déjà vu » (ndlr : Fews) pourtant ils ont leur propre petite histoire. Rhys Edward nous la raconte : « On se connait depuis qu’on est gamins. Quand j’ai quitté Londres pour Berlin, j’ai laissé à Rhys (Williams) mon ancien travail au pub à Dalston et je lui ai sous-loué mon appart, ensuite, il m’a rejoint en Allemagne. Nous sommes allés dans une soirée et après quelques verres, nous avons décidé d’écrire ensemble de la musique. »
Le nom du groupe vient aussi de cette même fête. Il est le résultat d’une combinaison de deux noms de personnes, Ulrike Meinhof et Sissy Spacek. Au départ c’était un jeu entre eux : « Nous étions en pleine discussion à propos de ce projet puis cela à découler à un délire d’unir des mots improbables. Le choix est tombé sur ces deux noms Ulrika et Spacek. En résumé, Ulrika Spacek est né d’une situation hilarante entre nous », s’amuse Rhys Edwards.
De retour de Berlin, ils s’installent tous les deux dans une ancienne galerie d’art à Homerton (Londres), nommé KEN. C’est d’ici que The Album Paranoïa, leur premier album, a été créé. « Cet un espace qui nous a grandement influencé dans notre travail, comme pour Berlin. C’était pratique de savoir que tout était déjà en place. On a pu s’organiser ensemble sans contrainte de temps et d’espace. Cela nous a permis d’avoir un résultat organique et authentique« , commente Rhys E.
Dans leur première oeuvre, on retrouve une dualité blanc et noir, avec des morceaux lourds en opposition avec des plus aériens. Rhys E revient dessus : »La difficulté quand tu commences à composer ton premier album est de savoir la direction musicale que tu vas entreprendre. Dans notre cas, nous avons voulu choisir deux trajectoires en opposition. Elles sont le reflet de nos deux personnalités. Nous les avons harmonisés pour donner cet ensemble que tu as perçu. »
Oysterland, Jim Jarmush et les Ulrika Spacek
Nous allons entreprendre notre rituel d’exploration de l’album avec eux. On commence avec I Don’t Know qui ressemble par son utilisation de la fuzz à un morceau des Black Angels, Don’t Play With Guns. Rhys Williams prend la parole : « On a découvert ce groupe juste après. C’est vrai qu’il y a une petite ressemblance. » (rires) Rhys E continue : « C’est notre première chanson écrite, la deuxième étant Porcelain. D’ailleurs les deux montrent cette différence entre la variation de styles que tu retrouves dans le disque. Pour ce qui est du riff fuzz, il est le tout premier son sorti de notre esprit. Il est normal qu’il ait cet honneur de présenter notre ouvrage. »
Strawberry Glue a été remarqué par le clip vidéo qui semble rendre hommage à cette fameuse soirée. « La vidéo a été réalisée par nous-même. C’est un plan séquence d’une caméra embarquée où tu visites une énorme collocation. Nous sommes beaucoup influencés par les travaux du cinéaste américain Jim Jarmush. »
NK est un morceau rugueux où la patte stoner se ressent en version studio quand concert où elle gagne en puissance. Rhys W nous donne une petite astuce : « Si tu as l’occasion de voir la vidéo de la chanson dans Youtube, accélère le tempo. Tu changes de registre, tu passes du stoner à une sorte de dance music voire même dub-step, » plaisante-t-il.
La dernière Airportism est la plus mélancolique de toutes, mais aussi la plus aérienne. Elle se rapproche du style de Radiohead, autre influence majeure des Ulrika Spacek. Rhys E raconte l’histoire derrière ce titre : « Les paroles de cette chanson ont été écrites avant les instruments. Chose qu’on fait rarement lorsque nous composons nos morceaux. Elle a été pensée dans un aéroport, lors d’un retour de Stockholm. Dès que j’ai eu les vers, j’ai foncé dans ma chambre avec une suite d’accord prêt à être travaillée. Rhys s’est mis à apporter sa touche. On l’a construite en une seule prise. Airportism a été la chanson la plus facile à enregistrer et l’une de mes favorites. »
Nous terminons cette conversation en reparlant de leur « factory » nommé KEN. « C’est vraiment un espace où le partage est roi. Nous aimons dispenser des débats sur nombres de sujets artistiques voire même politiques, on favorise les échanges de découvertes de musique entre jeunes passionnés londoniens. On organise des Oysterland. Ce sont des soirées avec des groupes que nous invitons, en parallèle tu as des artistes grapheurs, peintres, qui exposent leurs œuvres. On va en relancer quelques-unes en octobre-novembre avec nos nouveaux morceaux. » Rhys W conclut : « Nous avons déjà huit titres de prêts pour le prochain. » To be continued…
Thomas Monot
Bonus lien :
NK
Ultra Vivid