Un peu plus de deux après son premier EP (Across The Water) qui mêlait la folk, le blues et la pop expérimentale, Triinu revient en force avec ENVY. Un brulot de 6 titres (5 chansons et 1 remix), laissant la belle part aux sonorités rock noise et alternative mais pas que…

Et pourtant, cela commence de façon aérienne avec Drifting. Une invitation au voyage, au rêve où l’on se laisse porter par les voix noyées de delays et réverbe, les notes de violon, les arpèges de guitares. Mais aussi par le chant éthéré de Triinu, en anglais et estonien, récitant un poème de Lydia Koidula. Mais le rêve n’est qu’illusion, un leurre… Une lente montée de près de 6 minutes, finement orchestrée où rode une tension sous-jacente prête à exploser.

C’est chose faite avec les deux titres suivants, Overtime et Envy où le distorsions sont lâchées !! Si le premier morceau semble évoquer les premières années de PJ Harvey ou encore Sonic Youth mêlant arpèges sombres, guitares fuzz et chant à fleur de peau (cette monté à la fin !!!), le second quant à lui s’aventure sur des chemins de traverse chers aux Swans et Liesa Van Der Aa. 4 minutes 30 de tension palpable, de dissonance qui n’épargnent ni rien ni personne. Une “déclaration amour” malsaine et torturée. C’est organique, sensuel, angoissant, charnel, ça vous prend aux tripes ! Parfait !!

La question que l’on peut se poser à ce moment de l’EP est : “peut-on faire mieux après ce morceau ?” La réponse est oui. Si Illusions peut se voir comme une trêve, un moment de répit laissant (la quasi) place à la voix et la guitar, l’intro noise (entre autre) nous rappelle que l’univers de Triinu est en clair-obscure, où douceur et violence se croisent, s’observent, se tournent autour… s’apprivoisent. Le voyage s’achève sur la pièce maîtresse de ENVY : Time Is Trouble. Un morceau de bravoure de 7 minutes, alternant avec brio nappes aériennes, voix hantées, guitares plombantes et ambiances à la Twin Peaks… Un peu comme si Sigur Ros et Soap&Skin avaient eu enfant illégitime. Véritable condensé de la musique de Triinu, point d’orgue de cet EP, Time is Trouble est réussite absolue.

Avec ENVY Triinu tout simplement signe une des meilleures sorties de l’année 2020 et se présente comme une valeur sûre montante de la scène indé française (et pas que). Assurément, un projet à suivre de très très près.

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