On entame 2018 en douceur avec une nouvelle pépite tout droit sortie du label Howlin Banana. Il s’appelle Th Da Freak, et sème ses petites graines slacker pop tout au long d’un attachant road trip introspectif, j’ai nommé The Hood.
Cet album, c’est le pendant musical du Voyage au bout de la solitude de Jon Krakauer : les deux premières pistes sont comme un aurevoir à la civilisation, on prend son sac et on part, loin, très loin. On découvre les joies de la route sur Wanking Class, un morceau doux-amer mêlant gratte punchy et paroles piquantes.
Cependant, la lassitude se fait sentir sur le délicieux I Add Whisky In My Cola : le voyageur semble nostalgique, les premiers doutes se font sentir et se concrétisent dans la chanson suivante, premier single de l’album, I Don’t Understand. Ce son central de l’album met en lumière les questionnements intérieurs de l’artiste dans un délicat jeu de couleurs rétro. Qui suis-je ? Que fais-je ? Que d’angoisses avant de reprendre la route…
Le Techno Bullshit qui suit est un véritable coup de cœur, qui ajoute une pointe de country épiçant savamment l’ensemble. Le voyage continue ensuite sans anicroches, la tête pleine de questions, jusqu’au minimaliste Bored qui nous offre un son épuré et mélancolique. Avec une minute entière d’intro et d’outro pesante, le poids du monde pèse sur nos épaules et celles du chanteur, qui nous dépeint la vague de l’âme humaine en détresse.
Malgré tout et malgré lui le trajet continue, on est tour à tour pressé, énervé, bouleversé par les diverses sorties de routes musicales de Th Da Freak, qui termine son épopée en deux temps : la contemplation nostalgique de Moonmate et la désillusion de I Was Such An Idiot, qui nous font nous demander « était-ce un rêve ? ».
The Hood, c’est un album teinté de spleen, à mi-chemin entre Radiohead et Baudelaire. C’est également la joie de s’évader dans son propre pays imaginaire, et après y avoir goûté, on n’a qu’une seule envie : y revenir.
Aude