Faut-il chroniquer un film que l’on a suffisamment détesté (ou plus exactement, méprisé) pour ne pas en avoir supporté plus de 40 minutes ? Voilà une très intéressante question à laquelle nous ne répondrons pas, l’ennui incommensurable distillé par The Bling Ring suffisant très largement à occuper cet article.
Le synopsis donnait toutes les raisons de se méfier : des jeunes gens désoeuvrés pistent les richissimes bimbos hollywoodiennes sur les réseaux sociaux pour cambrioler leur dressing lors de leurs absences. Tiré d’une histoire vraie. Oh pinaise. Mon instinct de conservation a tous les voyants au rouge. En plus c’est réalisé par Sofia Coppola. Rappelle-toi Barbara, nos efforts pour visionner jusqu’au bout Lost in Translation et Marie-Antoinette n’avaient pas été récompensés par une quelconque satisfaction et il faut bien dire que, sur ces coups-là, notre plaisir nous avait boudé. Quelle connerie, le népotisme.
The Bling Ring, c’est le même en pire : des riches s’ennuient. Je comprends que l’expérience personnelle de Mlle Coppola ne lui donne pas beaucoup d’autres sujets à traiter mais il faudrait faire un petit effort en direction des masses laborieuses qui se tapent légitimement le coquillard du spleen sans grâce ni lettres de quelques nantis photogéniques, fussent-ils jeunes, américains et férus de mode. Pour faire plus peuple, sans doute, la réalisatrice abuse d’effets de caméra à l’épaule, comme si vous regardiez un documentaire télé mal tourné dans votre canapé de prolo. Las, on s’ennuie toujours autant. Il n’y a ni rythme, ni personnages, ni dialogues. Quant à la réalisation, elle confine au grotesque.
Donc la bande de jeunes minces, bien coiffés et impeccablement maquillés qui ont oublié d’apprendre à lire dans leurs écoles privées à 12 millions de brouzoufs l’année, décide de voler des fringues de marque à de jeunes adultes encore plus riches qu’eux parce que les marques-hiiiiiiiiii, c’est trop cool-hiiiiiiiiiiiiii, oh mon dieu, une jupe Chanel-hiiiiiiiiiii. Ils s’introduisent dans des villas de luxe, ils prennent des vêtements de luxe dans des dressings de luxe et ensuite, ils font des selfies dans une boîte de luxe où il y a des stars sur la piste. Cette fascinante montée en puissance narrative est entrecoupée de scènes d’interviews dans lesquelles nos petits cambrioleurs pincés la main dans le placard font étalage de leur amoralité, leur totale absence de solidarité avec leurs complices et leur illettrisme tragique. Voilà, désolée de spoiler. J’ai éventé tout le suspense, c’est mal.
Malgré toute mon imagination et mon calme revenu, je ne parviens pas à trouver une seule raison de regarder ça jusqu’au bout. Remarque, il faut reconnaître que le film donne des idées et suscite des envies au premier rang desquelles figure celle d’écouter de toute urgence le « J’en ai rien à foutre » de Didier Super.
Henriette de Saint-Fiel.