Avertissement : voici une critique de livre pas comme les autres.

J’ai lu et beaucoup aimé l’excellent et original premier roman de Marie Khazrai : Poupées Roumaines (éditions Les Avrils) ;

Bon, il se trouve que Marie est une amie avec qui j’ai beaucoup travaillé et que je connais bien.

C’est plus difficile encore, en fait, de jauger / juger / critiquer une œuvre (musique, peinture, livre, …) de quelqu’un que vous appréciez !

Deux solutions.

Soit : vous aimez et serez sincère et heureux.

Soit : vous n’aimez pas pour X raisons et serez contraint de jouer la grande musique du bal des faux-culs ! Les critiques sont par ailleurs très forts dans cet exercice pour ne pas déplaire à Sony Music ou Gallimard, TF1 ou Universal Studios, non ?

Thanks God, Marie K m’a conquis à 200% avec son roman. Et God (aka Dieu) sait si je ne suis pas le meilleur client de tout ce qui est un poil autofiction and co. Angot nein danke, Ernaux-future dans ma biblio !

Mais là, Poupées Roumaines m’a emballé et je vais vous expliquer pourquoi.

Tout d’abord, la langue, les mots, les expressions : bigre, la littérature c’est quand même l’histoire d’un farouche combat contre 26 lettres, un dictionnaire et votre cerveau qui doit donner à l’AZERTY des ordres clairs. Ici : chapeau bas, car c’est enlevé, vif, drôle, touchant, pointu, marrant. Bravo pour les procédés originaux de cut up, de variations, de formats et de points de vue !

Ensuite : l’histoire puissante qui nous est racontée, car nous aimons tout ça, qu’on nous captive afin de nous distraire de ce monde un peu ripou et souvent absurde.

Bingo ! Ce roman nous accroche, c’est du Velcro pour le lecteur, un CQFD de pourquoi on ouvre un bouquin et l’on va jusqu’au bout.

Sans « spoiler » car c’est mal, Marie nous narre son retour en sa Roumanie maternelle et natale (#profonde #campagne #alcoolà70degrés), avec une mère à l’Ouest, une tante locale phénoménale et une grand-mère légendaire. En mode parisienne qui doute et qui note tout dans un carnet noir, plongée dans ses pensées au milieu d’une cuisine quasiment vivante et entourée de poussins multiples et envahissants, la voilà entre légende des siècles, sorcières et malédictions, sans oublier les histoires du communisme radical-escu (évidemment, ce long régime dictatorial qui a étranglé la Roumanie ce n’était pas pour de faux et les femmes ont bien dégusté, merci).

Au passage, les hommes croisés ou aimés n’ont hélas pas tous été des enfants de chœur, mais de trop verts galants, beaucoup beaucoup trop #metoo et pas assez I love you : cette histoire chorale de femmes fortes nous le fait comprendre. Vous verrez…

Famille, je vous hais ? Réponse polychrome et ultra-sensible, en 296 pages.

Bref : un premier roman qui est le fruit d’un vrai travail d’écriture, d’un chemin d’édition et qui a déjà été salué par la presse (Le Masque et La Plume, le Figaro Littéraire, Le Nouvel Obs, une rafale de jolis posts de blogueurs avertis et autres beaux compliments en pagaïe que Google nous livre en direct sans faire le malin).

Poupées Roumaines : le récit à perdre haleine de six jours pas vraiment calmes, pas trop reposants mais mémorables et puissants vous attend.

Et j’ajoute que maintenant, c’est le film qu’on veut !

Jérôme » plus vraiment un poussin » V.

PS : c’est cool d’avoir une amie qui écrit vachement bien, non ?

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