Second degré, n.m. : forme d’ironie et d’humour qui laisse sous-entendre l’inverse de ce que l’on pense vraiment.
Avertissement : cette chronique (ta mère) requiert un sérieux sens de la dérision. Pour ses lecteurs peu portés sur la chose, le chroniqueur, plus volontiers malin que parangon de l’intelligence, aura veillé à mettre en italique tous les passages sarcastiques et ironiques (ta sœur aussi).
Une fois n’est pas coutume, permettez-moi, chers lecteurs de Songazine, un coup de gueule sur « L’affaire Penelope F. » qui, s’il n’avait vocation à dézinguer la probité de la sarthoise-galloise, aurait pu faire un beau titre pour le prochain polar de Mary Higgins Clark.
Car accuser Penelope F. d’avoir bénéficié d’un emploi fictif en tant qu’assistante parlementaire de son présidentiable de mari, c’est comme, avouez-le, mettre en doute la virginité de DSK, accuser Donald Trump de misogynie ou nier son engagement féministe, douter de l’excellente forme physique de Gérard Larcher ou encore remettre en cause la franchise du couple Balkany.
En clair, une ineptie !
Tout ce tintamarre dans le Landerneau politique ne révèle en réalité qu’un vil complot anti-sarthois fomenté par des forces occultes en provenance de Krypton.
A qui fera-t-on admettre de pareilles villebesées ?
A qui fera-t-on croire que les Fillon se sont faits prendre la main dans le pot de confiture ?
De grâce, soyons un peu plus Candide que Cassandre !
Tiens, c’est comme ces « Salauds de pauvres », dénoncés par le groupe Mustang sur son nouvel EP 5 titres ‘’Karaboudjan’’, paru sur A Rag Records, incapables de distinguer un Romanée-Conti ou un Bâtard-Montrachet (non, ce n’est nullement ici une insulte bacchique) d’un Kiravi 5 étoiles en Tetra-Pack ©. Oui, les pauvres ne mangent pas de bonne nourriture car leur métabolisme n’est pas capable de l’apprécier.
Regardez le clip ‘’fort divertissant’’ (‘’rigolo’’ en langage pauvre), qui traduit la pensée de Pierre Desproges : ‘’Les aspirations des pauvres ne sont pas très éloignées des réalités des riches’’. Il ne s’agit ici que de faire rire (jaune), de manière un peu cruelle et avec un goût amer; un peu comme de passer, en matière de caviar sauvage, du beluga à l’osciètre ou du Krug Grande Cuvée à l’infâme Mumm Cordon Rouge en matière de Champagne ©.
Pour conclure, citons également Jacques Séguéla, cet humaniste publicitaire bienveillant et proche du peuple : ‘’Si à 50 ans on n’a pas de Rolex ©, c’est qu’on a quand même raté sa vie !’’.
Oups, ça me fait penser qu’il me reste à peine 20 mois pour réussir la mienne ! Le contre-la-montre est lancé !
Mustang et son leader dandy looké 50’s, Jean Felzine, sont assez déroutants et somme toute inclassifiables. La marotte du rock critic étant de sempiternellement vouloir catégoriser tout ce qu’il écoute.
Le premier titre de l’EP, ‘’Karaboudjan’’, est une pépite surf rock instrumentale, qui n’est pas sans rappeler le single ‘’Brianstorm’’ des Arctic Monkeys. Piètre référence s’il en est.
Titre dont on ne sait s’il fait référence au nom du cargo transportant de l’opium dans l’album de Tintin ‘’Le crabe aux pinces d’or’’ ou bien au nom du cocktail dont voici la recette : 2cl de cognac, 2cl de liqueur de café, 2 cl de crème de whisky.
Sur ‘’Johanna’’, la voix du chanteur se fait douce, façon crooner. La chanson est entêtante, le son y est plus apaisé, pas forcément les mots, narrant la relation brutale et fusionnelle d’un couple.
‘’Johanna, Johanna, quand j’suis en colère/Reste en arrière/C’est mieux pour toi’’… ‘’Tu me pousses à bout/Faut croire que j’suis fou/Ou que j’aime ça’’…’’Quand je touche le fond/A ta façon/Tu tombes avec moi’’.
‘’Dis-moi merde’’ (et partons fâchés), sonne résolument rock ; la voix de Felzine est proche de celle de Dick Rivers, artiste sous-estimé à qui d’aucuns auront bêtement collé une image de has-been.
Avec ces superbes titres, trois ans après leur dernier album ‘’Ecran Total’’, Mustang s’affirme comme l’un des groupes phares de la pop(-rock) francophone.
Jean Felzine, quant à lui, confirme (en doutions-nous ?) qu’il est un artiste fort talentueux, et pas qu’une gravure de mode ayant un pass annuel au Studio Harcourt.
PS : Il est bien évident que nous n’assisterons pas, devant tant de louanges, à la quatrième édition du Festival How To Love au Petit Bain le jeudi 16 février prochain pour applaudir Jo Weldin & Jean Felzine et d’autres artistes de la génération novö. Non, non et non, ne comptez pas sur nous !
Claude.