“Ce n’est pas si facile d’écrire sur rien”, lance un cow-boy au détour d’un rêve. Patti Smith relève le défi.

De café en café, elle fait le tour du monde. Le ‘Ino, à Greenwich, le Zoo de Berlin, la buvette de Zak. Sur chaque table, elle griffonne carnets et serviettes en quête d’inspiration. Solitaire, elle sème ses clichés de polaroïd, perd l’appareil et son manteau en cours de route. Son univers est un puzzle aux pièces non assorties : chats, Murakami, tempête, Fred, caféine.

On n’entre pas dans M Train comme on saute dans la rame de cette ligne de métro, entre le Queens et Manhattan. La poétesse nous embarque pour un trajet illogique, une virée en taxi et avion pour quelques conférences et le plaisir de se perdre. Aux photos se mêlent les souvenirs, esquisses d’une vie de famille ou réflexions artistiques. Une autobiographie ? Plutôt un partage. Le temps d’un livre, elle nous prête ses lunettes et nous montre le monde à travers ses yeux.

La promenade en brouillard nostalgique joue avec nos frustrations. Patti est plus encline à disserter sur la forme de sa cafetière que sur sa carrière. Elle erre dans ses obsessions aléatoires. Au travers, on récupère quelques pépites. Au lecteur de faire le tri, et de passer outre les élucubrations barbantes ou les récits mornes du quotidien pour trouver la valeur du livre derrière le flou de la déprime.

A des années-lumière de Just Kids, Patti Smith s’attaque à une période plus sombre de sa vie. Touchant, mais tortueux.
Juliette Démas

couverturemtrain

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