
Il y a des disques qui ne s’écoutent pas seulement : ils se vivent comme une tempête.
Écrit et composé pendant l’étau du confinement de 2020, Résistant est l’un de ceux-là. Plus qu’un simple EP, c’est une déflagration, un cri libérateur jeté au visage du silence, un condensé de rock noir, viscéral et contestataire.
EX Sisco, le projet LOMLA (pour connaitre la signification je vous encourage à lire l’interview plus bas) fait du bien aux oreilles.
Alors oui en effet votre serviteur au bout de son clavier n’est certainement pas insensible à ce genre de groupe, car il faut bien le dire, des groupes qui chantent en français, en Rock, sans avoir de clavier ni d’électro pop, il n’y en a pas forcément légion.
ET qui font ça bien… alors LOMLA coche toutes les cases.
Dès les premières mesures, la tension s’installe. Les guitares tracent des cicatrices, la basse bat comme un cœur lourd, la batterie cogne comme un poing sur la table, et la voix de Séb fend l’air avec une lucidité rageuse. Ici, la musique n’est pas un divertissement : elle est un acte de survie.
Les cinq titres se dressent comme autant de pierres dressées dans la nuit.
« Là où meurent les anges » (un indice prend chaque letre du début de mot et tu commenceras à trouver la signification de quelques chose ) ouvre la marche avec son ombre poisseuse, comme un requiem électrique. Vient ensuite « Incendie sur la lune », brûlot aux pulsations métalliques, qui embrase tout sur son passage.
Au centre, l’hymne « Résistant » se lève comme un drapeau en lambeaux mais toujours haut, appel fraternel à ne pas céder. Plus loin, « Un jour » marie punk et poésie, rage et lumière, jusqu’à l’ultime souffle. Chaque morceau est un fragment de lutte, une écharde plantée dans la chair du réel.
@claire_boyer_photos
Sur scène, LOMLA transcende ces chansons. Pour avoir partagé la scène avec, la musique est incarnée.
Rien n’y est tiède : c’est l’instinct pur, une main tendue à celles et ceux qui refusent de s’endormir dans un monde anesthésié. Le groupe (Séb, David, Joe et JB) y déploie une énergie sans concession, brute et pourtant profondément humaine.
Avec Résistant, LOMLA s’inscrit dans la lignée des rockeurs habités héritiers de Noir Désir, de Bashung ou de Thiéfaine mais trace sa propre route : celle d’une musique qui gronde, lutte et saigne, mais qui éclaire aussi.
Un disque de combat, taillé dans la douleur et la beauté, qui nous rappelle qu’au milieu des ruines, il reste toujours la possibilité de tenir debout.
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@pyofficiel
Introduction
Avec Résistant, Sisco signe un EP de 5 titres d’une intensité rare, entre rage contenue et poésie incandescente. Aujourd’hui devenu LOMLA, il revient sur son parcours, ses inspirations et son avenir musical.
Identité & évolution
J’ ai un super pote fan de musique qui a très envie d’élargir sa bibliothèque musicale comment doit on pitcher ce projet musical Sisco qui est le vôtre ?
C’est un authentique projet de rock français. On met la force, la révolte, la puissance en avant. Le fait de chanter en français apporte également quelque chose de différent dans le rock. Les sonorités, les mots choisis et leurs sens nous emmènent ailleurs. Donc rage et poésie, pour résumer ce projet me parait approprié.
Quand on change de nom, il y a forcément une ancienne et une nouvelle identité. Qu’as-tu conservé de Sisco et qu’est-ce qui a changé avec LOMLA ?
Ce qui a vraiment changé c’est qu’on est passé d’un projet solo à un groupe. Parce qu’on s’est rendu compte que c’est de cette manière qu’on avançait depuis des années. On joue ensemble depuis plusieurs années donc ça s’est fait naturellement. Ainsi nous avons tout gardé de Sisco mais désormais il y’a un peu plus de chacun d’entre nous dans LOMLA. Ça représente mieux la manière dont est géré le projet. Et personnellement je suis plus à l’aise avec cette formule.
D’ailleurs, LOMLA, ça vient d’où ?
Ça vient du titre qui ouvre l’Ep “Résistant”. Là Où Meurent Les Anges. C’est hyper représentatif de notre musique. Puissant et imagé
Si tu devais résumer Résistant en une phrase à quelqu’un qui ne l’a jamais entendu – par exemple mon pote fan de musique qui cherche à élargir sa bibliothèque – que lui dirais-tu ?
Accroche-toi coco parce que tu vas voyager des ténèbres à la félicité et mets tes enceintes à balle!!!!! C’est du rock bordel!
À qui est destiné cet EP ?
A tous les amateurs de rock, tous les amateurs de mots, tous ceux qui ont besoin de révolte, qu’elle soit sociale ou intérieure, à tous les curieux qui viennent d’autres univers,….
L’EP Résistant
Le titre de l’EP, Résistant, est très fort. Qu’évoque pour toi ce mot et comment traverse-t-il les cinq morceaux ?
Chaque morceau fait appel à une lutte, un combat. Contre le fascisme montant, contre un enfer interne,….La plupart de ces morceaux ont été créés après les confinements. Nous avons résisté à un mal invisible pendant presque deux ans et devons donc continuer à résister contre le choix d’une société de plus en plus fermée et en repli sur elle-même.
Les titres sont évocateurs : Là où meurent les anges, Incendie sur la lune, Je suis né… Où trouves-tu ces images ? Dans la littérature, le cinéma, la peinture, tes carnets personnels ?
J’aime les images. Je trouve que c’est un beau vecteur d’émotions. Le terre à terre m’ennuie profondément J’aime qu’on me laisse interpréter un texte mais en partageant la même émotion que l’interprète. Je suis un grand fan de Bashung, Thiéfaine, The Cure,….Ils nous emmènent dans leur univers tout en nous laissant dans notre monde. Et pour ça on a besoin de ces images.
Je suis né dégage une dimension intime, presque autobiographique. Est-ce le cas ?
Totalement!!!! Encore une fois je parle d’un mal qui envahit au point d’en être malade sans jamais le nommer. Parce que le but est de provoquer une sensation dans chaque auditeur. Pour moi c’est le stress scolaire. Ça a pourri toute la première partie de ma vie. Mais si j’avais fait une chanson sur le stress scolaire j’aurais eu l’impression de ne parler qu’à ceux qui en ont souffert. Et ce n’est pas pour ça que j’écris. J’ai besoin de plus d’ouverture et d’universalisme.
Un jour clôt l’EP d’une manière plus apaisée : c’était un choix conscient, comme une ouverture après l’intensité ?
Oui, avec ce début d’Ep au plus profond des ténèbres, on monte petit à petit vers une note d’espoir. L’Ep se finit même par la phrase “Un jour, tu reviendras”.
Inspirations & héritages
Quels artistes, passés ou présents, t’inspirent le plus, musicalement ou dans ton écriture ?
J’en ai déjà évoqué trois plus haut. Mais Nick Cave, Queens of the Stone Age, Nine Inch Nails ou, évidemment, Noir Désir, passage presque obligé pour le rock français.
On pense parfois à Noir Désir, Saez, Axel Bauer ou à une certaine poésie rock française : est-ce que tu assumes cet héritage, ou cherches-tu à t’en détacher ?
J’assume pleinement! Même si quand on travaille nos morceaux on n’y pense pas mais cette musique est tellement ancrée en nous qu’elle ressurgit forcément.
Si tu devais partager une première partie avec des groupes – morts ou vivants – lesquels choisirais-tu ?
Je pense que faire la 1ère partie des Doors ça m’aurait bien plu. Tout simplement parce qu’une fois notre set terminé je me serais calé dans la salle pour voir mon idole absolue en découdre.
Dans les artistes contemporains, je pense que faire la 1ère partie de Saez doit être pas mal. Il a un public incroyable. Une ferveur que peu d’artistes arrivent à générer.
Écriture & création
Quand tu écris une chanson, tu pars plutôt d’un riff, d’une ambiance, ou des mots ?
Je n’ai pas vraiment de règles. Le plus souvent je pars sur une idée musicale que je monte assez rapidement en maquette pour la proposer à LOMLA. Les idées de texte viennent à ce moment-là en fonction des sonorités, de mon humeur du moment, de l’actualité, d’un bouquin que je viens de lire,…. Mais ça peut-être aussi l’inverse. Un texte me vient et donne naissance à une musique.
Comment s’est déroulé l’enregistrement : en studio classique, en home studio, des anecdotes à nous faire partager ?
La plus grande partie a été enregistrée en home studio pour la simple raison que j’ai envoyé 5 maquettes aux trois autres et ils ont été emballés immédiatement! On a voulu les faire rapidement donc ça s’est transformé en Home Studio recording.
Y a-t-il une chanson sur Résistant qui s’est imposée comme une évidence, et une autre qui a été un vrai combat à terminer ?
Et bien le morceau “Résistant” a été monté avec beaucoup de facilité. Tout était fluide, la version finale est très proche de la toute première version. Pour “Je suis né” en revanche on était content de travailler sur ce morceau mais il nous manquait quelque chose. On allait même le laisser tomber. Puis, lors d’une séance d’écoute chez David (guitariste), il lance ce titre mais avait oublié de “muter” la piste voix où j’avais essayé une version chantée sur les couplets. Comme par magie elle est venue s’intercaler entre les phrasés de la voix lead…..on a gardé cette idée…..et “Je suis né”
Scène & public
Comment imagines-tu l’interprétation live de ces morceaux ?
L’énergie du studio et celle de la scène sont complètement différentes. En live le ton sera beaucoup plus brut, direct.
Y a-t-il un titre que tu attends particulièrement de jouer devant un public ?
Alors je dois bien avouer que tous ces morceaux ont déjà été essayés sur scène pour voir la réaction du public. D’ailleurs un Ep Live est disponible également et certains titres de “Résistant” y sont. Mais je dois bien avouer que “Résistant” fonctionne très bien en live.
Quel rapport aimerais-tu construire avec ton auditoire : intimité, communion, catharsis ?
C’est un mélange de tout ça parce qu’on aime passer du temps à parler avec le public après les concerts. La communion est primordiale. Si on donne beaucoup, le public nous le rend. C’est cet échange d’énergies qui donne de la saveur aux concerts. Mais j’avoue que si nos chansons touchent les gens au plus profond d’eux-mêmes, qu’ils ressentent des émotions, qu’on les amène à réfléchir, on aura vraiment réussi notre mission.
Est-ce que tu te sens plus « toi-même » dans l’écriture, en studio, ou sur scène ?
Je mettrais à égalité l’écriture et la scène. L’écriture a ce côté cathartique, thérapeutique. Bien souvent je me retrouve devant la feuille blanche et je commence à écrire en état de quasi hypnose puis petit à petit mon esprit reprend le dessus. J’adore ce moment de confluence. Je laisse parler mon inconscient en premier lieu. Un texte est vraiment un morceau de moi-même.
La scène me permet de partager ce moment. Et c’est très fort lorsque le public est réceptif.
Perspectives
Cet EP est-il une étape avant un album plus long ? As-tu déjà de nouvelles chansons en chantier ?
Tout à fait. Nous sommes déjà retournés en studio et un album arrive en 2026…..
Souhaites-tu collaborer avec d’autres artistes à l’avenir, et si oui lesquels ?
Ah oui, et ils sont nombreux. Par exemple, si on arrive à faire produire notre prochain album par Josh Homme ce sera pas mal…
Où te vois-tu artistiquement dans quelques années : toujours sur une ligne rock contestataire, ou ouvert à d’autres expérimentations ?
La contestation c’est notre ADN. Tant que LOMLA vivra nous serons sur des ambiances autour de ça. Après on n’est pas fermé à une collaboration surprenante comme Liminanas l’a fait avec Laurent Garnier par exemple. Mais on pue trop le rock pour s’en éloigner trop longtemps.
Quelle est la dernière découverte musicale qui t’a bouleversé ?
Très clairement Last Train en concert ! J’étais jusqu’ici un peu passé à côté mais je les ai vus au Printemps de Bourges cette année et…….la méga claque!!!!!
Au contraire, qu’est-ce qui t’agace dans la scène actuelle ?
Ce qui m’a toujours agacé. Des artistes qui se prennent pour des G.O du Club Med. Il faut toujours qu’il se passe quelque chose d’autre que la musique. Un coup on te demande de lever les bras, puis le titre suivant il faut faire pouet-pouet-coin-coin avec son voisin, puis on essaie de faire la plus grande chenille de tous les temps,…..On dit souvent que ce genre d’artistes sont généreux, proches du public mais d’un soir à l’autre ils font la même chose au même moment……Tu parles de générosité….
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
Beaucoup de concerts avec LOMLA, beaucoup de rencontres, de partage…..et de résistance!!!
Et enfin, prochain live : où pourra-t-on te retrouver ?
On sera le 03/10/2025 au Tanker à Cergy.