Après un premier album qui l’a révélée aux yeux du public en 2017, Lesley Barth revient avec Big Time Baby. Nom ô combien évocateur qui résume à lui seul l’essence des dix morceaux qui le composent, ainsi que la teneur révolutionnaire qui les anime.
L’Artiste, dont les parents évoluaient dans le milieu artistique (son père était chanteur d’opéra) ne se prédestinait pourtant pas à une carrière musicale… Menant sa carrière professionnelle au sein d’une entreprise d’esthétique, elle fait le choix de laisser de côté ses préoccupations bureaucratiques le jour où elle s’est rendue compte que tout cela ne lui correspondait pas.
C’est précisément ce processus que Lesley raconte dans ce second opus, qualifié de « très personnel ». L’Artiste s’engage alors dans un véritable dialogue intérieur, qui débute dans un bus en direction de Lower East Side. L’endroit choisi est une véritable métaphore qui se profile alors …
Lorsqu’elle croise son propre reflet dans la vitre, elle semble ne plus se reconnaitre. Woman Back at me fait tomber le masque au rythme de sonorités disco. La mélodie, plutôt joyeuse, s’oppose à la portée des paroles qui la guident progressivement vers une véritable révolution intimiste.
L’une des caractéristiques de Big Time Baby est la facilité déconcertante avec laquelle la chanteuse parvient à parcourir divers univers musicaux. Nashville, morceau inspiré par une de ses connaissances, contient des notes folk portées par un violon mélancolique pour un effet de contraste saisissant. Fusion efficace puisque il s’agit d’un des titres qu’elle joue à chaque concert…
La puissance vocale contenue avec laquelle elle l’interprète se retrouve dans If Love Doesn’t change You.
Vous l’avez compris, Lesley Barth nous prend directement à témoin de sa décision de changer de vie. Ses prières trouvent un écho particulier dans Making Décision et Preacher. Ce morceau, interprété en double voix avec Chuck Ramsey mêle sonorités Pop des 70’s à des notes de trombone qui confèrent à l’ensemble un effet jazzy.
Big Time Baby parle d’incertitudes mais également d’émancipation comme l’illustre Holding with a man qui dénonce avec Ironie le patriarcat et les dérives de la société Américaine. Pour l’anecdote, ce titre fait partie des trente compositions que l’Artiste avait écrite à l’aube de ses trente ans …
Certes, cet album ne révolutionnera pas la scène New-Yorkaise et L’Artiste ne semble pas réussir totalement à se détacher de ses influences. Something Good aurait très bien pu être composé et interprété par Bob Dylan tant sa présence est prégnante…
Cela n’empêche cependant pas Lesley Barth de nous entrainer à ses côtés dans un long voyage psychanalytique qui se referme dans une atmosphère légère avec Up in the Air. Plus qu’un second Album, Big Time Babye est une véritable renaissance.
Emma Forestier