C’était soirée Jubilé hier soir au 120 boulevard de Rochechouart pour les 30 ans de la Cigale.
Comme pour un jubilé au football, on invite les vieilles gloires (les écossais de The Pastels, originaires de Glasgow) et ceux qui sont en pleine bourre, qui écument les scènes du monde entier plein badin, affûtés comme des couteaux suisses (Temples).
Dans ces moments rétrospectifs, on constate que les premiers courent désormais moins vite, ne prennent plus les intervalles comme par le passé qui, à défaut d’avoir été glorieux, fut somme toute honorable.
The Pastels, déjà présents lors d’une des premières éditions du festival inRocks le soir du 29 octobre 1988 (aux côtés de Weather Prophets et The Durutti Column / prix du billet 100 francs, + 10 francs le soir du concert), ont influencé un grand nombre de groupes de la scène rock indé dans les années 80, de Jesus and Mary Chain en passant par The Teenage Fanclub, My Bloody Valentine, Sonic Youth et Nirvana.
Malgré leur faible notoriété auprès du grand public, ils sont considérés aujourd’hui comme un groupe à l’origine de la noise pop, mélange de bruitisme, de sons dissonants et de musique pop.
Mais voilà, l’usure du temps a sévi : la pop est belle, les mélodies nonchalantes coulent dans un filet ininterrompu mais sans éclaboussures. A dire vrai, c’est sirupeux, doux aux oreilles, charmant et mélodieux, mais… on s’ennuie un peu.
Et puis soudain, sur une action de jeu et deux morceaux pour The Pastels, la magie du geste revient, l’éclair de génie (le génie éclairant ?) se rappelle à nos bons souvenirs. Un passement de jambes, une ouverture venue d’ailleurs pour un partenaire démarqué, qui lui permet de scorer (un ‘’caviar’’ en terme footballistique), des guitares qui saturent, et l’on comprend soudainement pourquoi les frères Reid ont été influencés par Stephen McRobbie aka Stephen Pastel et son band.
La prochaine fois, servez-nous directement les meilleurs mets et breuvages pour cette agape, caviar beluga plutôt qu’oeufs de lump et single malt scotch whisky Claxton’s de chez Ben Nevis à la profondeur maltée et terreuse plutôt qu’un Johnny Walker sans saveur qui nous embrumera l’esprit !
Place ensuite au jubilatoire avec les somptueux Temples, qui alignent les titres comme George Best les verres d’alcool et les conquêtes féminines.
En 2047, la Cigale aura 60 ans et l’on fêtera à coup sûr ces quatre génies dont ‘’Open Air’’, ‘’Certainty’’, ‘’Strange Or Be Forgotten’’ sont des monuments du rock psychédélique.
Alechinsky
Prochaines dates du Jubilé 30 ans de la Cigale : Vendredi 8/09 à 20h Amadou et Mariam. Dimanche 10/09 à 14h Pedro Winter / Busy P / Arthur King / Mike D
