Encore une fois, je vais monter sur ma barricade, défendre le flambeau déchiré, rouge et noir de la différence, de l’excellence et de la rareté.
Un ami a partagé la liste des meilleures « ventes » de morceaux de musique dans notre beau pays (que j’aime). Résultat ? J’ai le mini coup de blues habituel. De la diarrhée en streaming, dans le genre que vous savez, pour le public que vous devinez. On entend les fautes d’orthographe qui jaillissent des vocalises autotunées et des beats copiés-collés.
Panem et circenses, 4ever !
Plus le temps passe plus le pain proposé au peuple est rempli d’huile de palme et d’OGM, quant aux Jeux, ils sont désolants, abêtissants, cocacolisés, autotunés, télé-réalisés, cinquante nuances de bousisés et ultra Tuchés. Le Marketing 2.0 est fort puissant et s’installe sans heurt dans les smartphones, ooops, les cerveaux des consommateurs ciblés. Leur néo-cortex est leur pouce, qu’ils frottent sans fin sur l’écran hypnotiseur… Prélèvement consentant à la source très bientôt.
Jacob Bellens vendra sans doute moins d’albums en France que le nombre de ministres jamais attrapés la main dans un pot de confiture mais ce n’est pas grave ! Ce danois annonce le printemps et réchauffe mon cœur un peu frigorifié.
Son album précédent m’avait conquis et le tout dernier, Trail of Intuition, mérite à mon sens votre considération. Pop électronique sensible, mélodies travaillées, ambiances un chouïa mélancoliques, voici un objet fin, délicat comme un mobile tordu et bercé par une brise invisible, qui pendouille dans une galerie d’art oubliée. Je vous laisse le découvrir, ou plutôt je vous y encourage, sinon je n’aurais pris le soin de rédiger cette chronique. CQFD autoprédictif.
Je reviens à mon débat-combat-propos.
Finalement c’est comme dans les transports en commun. Laissons la masse se presser comme des sardines affolées dans les deux wagons dont les portes sont en face des escalators. Allons au fond, asseyons-nous avec de la place pour les jambes et écoutons notre musique rare avec un casque audio de qualité, sur un lecteur mp3 où les chansons et les albums sont parfaitement classés. Car oui, un album ça s’écoute de A à Z, comme on lit un livre, comme on regarde un film, comme on se rend à une expo et contemple des œuvres qui ont une âme, une spécificité, une originalité, une intention.
Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est un truc de jeunes ou un truc de vieux. Ni la jeunesse, ni la beauté, ni l’intelligence ne sont une question de date de naissance.
Jacob Bellens, je vous embrasse.
Jérôme « fight for your rights to think » V.