
C’est une grande joie que d’échanger avec Valerio Varesi, auteur de romans policiers que nous adorons.
Récapitulons donc : par le biais de la formidable et éclairée maison Agullo, qui publie des livres originaux et largement internationaux, nous avons la chance en France de voir traduits une bonne partie des romans de cet auteur. Enfin, plus particulièrement de sa prodigieuse série dont le héros est le Commissaire Soneri .
En Italie, 18 livres, et en France 10 déjà entre nos mains, que nous avons tous dévorés et chroniqués en ce colonnes.
Alors, quelle vision nous offre Varesi, en un dialogue à distance et sympathique, chaleureux (il parle un excellent français) ?
Voici quelques idées à partager !
Soneri est un policier « inductif » et non « déductif » : c’est dire s’il use de la parole, de son intuition pour résoudre des affaires souvent complexes. Homme déjà buriné par l’existence et l’expérience : un Maigret transalpin, un Fabio Montale (cf Izzo) de la vallée du Pô. C’est un homme qui a rêvé, jeune, de changer le monde et qui ressent beaucoup de frustration au sujet de l’état actuel de son pays (corruption, (re) montée de la droite extrême, mafias sans limites, trafics florissants,…). Il ne lâche rien.
(Quelques unes des couvertures des traductions éditées par Agullo)
Et heureusement, il a son amour pour la la forte et déterminée Angela qui est un peu son miroir et son réconfort. Mentalement je m’étais fait une image d’elle correspondant à Andrea Ferreol et de façon amusée Varesi me précise que dans la série TV qui fut faite en Italie, le casting a confié ce rôle à une belle blonde (Natasha Stefanenko), ce qui tranche un peu. Chacun est libre, ben sûr, la littérature conserve ce pouvoir énorme de faire fonctionner l’imagination !
Bien évidemment, il est un homme 100% du Sud de l’Europe, comme le dit Petros Markaris (grec) : il y a une frontière de style, car les sombres intrigues des polars du Nord tranchent avec celles des… français, italiens, grecs, portugais, espagnols par une caractéristique forte : la table, le plaisir de manger, la nourriture « culture » immanquable.
Avec le Commissaire Soneri, à Parme et alentours, cette ville puissante et historique qui cache bien des secrets, l’histoire est toujours rythmée par des dégustations de fromage, de jambon, de plats locaux succulents et de bon vin ! Passages obligés, réconfortants et marquant souvent des étapes des enquêtes.
Dans la série de romans, très enracinés dans cette région précise, on peut suivre ses aventures urbaines ou proches de la rude nature : dans les Apennins (assez pauvres), ou autour du Pô, de sa vallée et ses détours multiples et dans la ville de Parme si souvent au cœur de la brume (même si le réchauffement climatique change quelque peu tout ceci). Ce brouillard local puissant qui pousse à deviner, mentir, cacher et imaginer, faire des suppositions.
Les romans de Valerio Varesi sont des trésors culturels, descriptifs à souhaite et vraiment riches d’ambiance, qui donnent envie de venir visiter, tout comme Indridason vous pousse à aller en Islande.
Démonstration évidente, une fois de plus, que les romans policiers apportent beaucoup au lecteur qu’une simple intrigue, et Valerio Varesi, pour moi, est un grand auteur européen qu’il faut lire et faire lire !
Nous attendons avec impatience d’autres traductions comme des nouvelles aventures du policier le plus malin et humain d’Italie…
Jérôme « ce n’est qu’un début, Commissaire Soneri » V.
PS : et enfin, je sais quelle est la voiture du Commissaire : une Alfa Romeo Giuletta (comme celle que l’auteur a longtemps possédé), vous ne pensiez quand même pas que cet homme de goût aurait transigé sur ce point ?